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Un Salon de l'agriculture pas comme les autres

Le 58 e Salon international de l'agriculture ouvre samedi porte de Versailles, sur fond de Covid-19 et d'inflation. Cette édition sonnera l'heure du bilan des négociations commerciales avec les distributeurs et de l'action d'Emmanuel Macron en direction des agriculteurs. Elle sera aussi le théâtre des promesses des candidats à la présidentielle.

La 58e édition du Salon de l'agriculture coïncide avec la fin des négociations commerciales sur les prix alimentaires, alors que la première préoccupation des Français est le pouvoir d'achat.
La 58e édition du Salon de l'agriculture coïncide avec la fin des négociations commerciales sur les prix alimentaires, alors que la première préoccupation des Français est le pouvoir d'achat. (Nicolas Messyasz/Sipa)

Par Marie-Josée Cougard

Publié le 25 févr. 2022 à 07:00

Rarement un Salon de l'agriculture aura revêtu un caractère si particulier. Cet événement ultra-populaire, où l'on déguste les produits locaux et où l'on flatte les animaux, va se dérouler du samedi 26 février au dimanche 6 mars, alors que la pandémie n'est pas terminée et en pleine invasion de l'Ukraine par la Russie. Juste au moment où vont se conclure les négociations commerciales sur les prix alimentaires entre la grande distribution et ses fournisseurs. Et à un mois de l'élection présidentielle.

Le gouvernement joue une grande partie de sa crédibilité auprès du monde agro-alimentaire sur la tonalité de ces négociations explosives. Les questions à ce sujet seront sans aucun doute nombreuses dans les travées : ouvre-t-on une nouvelle page dans la manière de fixer les prix alimentaires, comme l'a voulu Emmanuel Macron avec la loi Egalim 2 ? Les agriculteurs vont-ils être mieux rémunérés ? Les industriels de l'alimentaire vont-ils préserver leurs marges rongées par l'inflation , après huit ans de baisse des prix ? Quelle est la marge de manoeuvre des industriels et des enseignes face au pouvoir d'achat des ménages ?

Explosion des coûts agricoles

Les réponses ne seront pas définitives, car l'équation est particulièrement difficile à résoudre. Elle l'était de base. La loi Egalim 2 interdit aux industriels et aux distributeurs d'inclure les prix agricoles dans la négociation. Cette partie-là est sanctuarisée pour protéger le revenu des producteurs. Or tous les coûts de production agricoles ont explosé avec la flambée des prix du fioul, du gaz, du plastique. Les aléas climatiques ont ruiné une partie des récoltes…

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Le prix des engrais s'est envolé. Celui des céréales aussi, pour le plus grand profit des cultivateurs mais au détriment des éleveurs qui en nourrissent les animaux et qui voient monter en flèche leurs coûts de production. La facture des entreprises qui achètent les produits agricoles s'alourdit et les pousse à répercuter ces hausses sur la grande distribution, qui de son côté mise sur les prix bas pour séduire le consommateur dans un contexte très concurrentiel.

La tentation de l'abstention

Dans ces conditions, les candidats à l'élection présidentielle, dont la visite au Salon est quasi institutionnalisée, devront tenir un discours particulièrement affûté s'ils veulent retenir l'attention des agriculteurs … et les pousser vers les urnes. Car cette année, ces derniers pourraient se démarquer des autres catégories socioprofessionnelles par une abstention record aux scrutins des 10 et 24 avril.

Selon un sondage mené par l'Ipsos pour le Cevipof, 44 % des agriculteurs pourraient ne pas aller voter, contre 23 % en 2017. Ils seraient ainsi les Français les plus abstentionnistes, à égalité avec les employés. Leurs intentions de vote se portent à 25 % en faveur d'Emmanuel Macron, mais à 20 % pour Eric Zemmour, dont ils seraient ainsi l'électorat le plus nombreux. Valérie Pécresse ne viendrait qu'en troisième position, avec 15 % de leurs suffrages.

Marie-Josée Cougard

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