Marion a encore les yeux rougis et la voix tremblante. Depuis le début de la matinée, elle fait des cartons, transporte des affaires et du matériel médical d’un bout à l’autre de la maison d’accueil spécialisée Diapason, à Grandchamps-des-Fontaines (Loire-Atlantique), en banlieue nantaise. Autour d’elle, l’unité 6, dont elle est la monitrice et coordinatrice, se vide petit à petit. Reste encore des dessins et des photos sur les murs, ainsi qu’une télé allumée que personne regarde. Et sur chaque porte de chambre, le prénom des résidents.
La trentenaire aux cheveux blonds observe au loin une patiente se déplacer péniblement avec son fauteuil couinant. Arriver face aux portes closes de l’unité 6, où elle était jusqu’à présent hébergée. Puis faire lentement demi-tour, un peu perdue. «C’est vraiment triste, c’est vraiment…» souffle Marion, laissant la fin de sa phrase en suspens. Avant de reprendre : «Je ne vais pas vous mentir, c’est dur de voir ce qu’on leur fait subir, de se dire qu’on en arrive là. C’est vraiment la merde.»
Faute de personnel en nombre suffisant, l’établissement qui héberge d’un côté des polyhandicapés (déficience motrice et intellectuelle) dans une maison d’accueil spécialisée, et de l’autre des autistes dans un foyer d’accueil médicalisé, a été contraint de réduire la voilure. L’unité 6, qui hébergeait une petite dizaine de personnes, a donc dû fermer à partir de la mi-février, et ne devrait pas rouvrir avant début avril, au mieux. Plusieurs rés