Après une année blanche (à cause de la pandémie due au coronavirus), les portes du Salon international de l’agriculture vont s’ouvrir à nouveau, samedi 26 février, porte de Versailles, à Paris. Les visiteurs, que les organisateurs espèrent nombreux pour cette 58e édition, qualifiée d’« édition des retrouvailles », vont découvrir comme à l’accoutumée veaux, vaches, cochons, brebis, chèvres, chevaux, sans oublier chiens et chats, au gré de leur déambulation dans les allées. Mais pas de belles poules. Confinées depuis novembre 2021, pour cause d’épidémie de grippe aviaire, elles n’ont pas obtenu de passe sanitaire. Les badauds ne manqueront pas de croiser également sur leur chemin femmes et hommes politiques, venant faire campagne dans la « plus grande ferme de France ».
De nombreux agriculteurs se rendent aussi porte de Versailles pour retrouver leurs pairs. A l’exemple de Guillaume Roué, même s’il n’est plus éleveur de porcs. Il y a un an, l’ex-président de l’interprofession porcine a fait valoir ses droits à la retraite à 65 ans. Le Breton qui détenait, avec son épouse, une exploitation agricole de 600 truies et de 130 hectares à Dirinon, dans le Finistère, a cherché une solution de cession. La transmission familiale n’étant pas envisagée, M. Roué s’est tourné vers ses voisins. Finalement, deux éleveurs de porcs finistériens ont accepté de racheter à parts égales l’élevage, tout en maintenant l’équipe de salariés, dont le directeur en place. Un exemple illustrant l’inexorable évolution de l’agriculture française. Un nombre d’agriculteurs en décroissance, des exploitations agricoles dont la surface augmente, des formes sociétaires qui se développent en lien avec la taille des fermes.
La « ferme France » continue à se dépeupler. Le constat du recensement agricole décennal est sans appel. Entre 2010 et 2020, le nombre d’exploitations agricoles a chuté de 21 %, passant de 490 000 à 389 000, selon les données publiées en décembre 2021 par le ministère de l’agriculture. Ainsi, près de 100 000 fermes ont été rayées de la carte en France métropolitaine. Le ministère souligne toutefois que cette dynamique, amorcée dans les années 1970, est moins forte que lors de la décennie précédente. Le rythme de ces disparitions est passé de 3 % à 2,3 % par an. La surface totale des terres agricoles cultivées est, quant à elle, restée quasi stable. Logiquement, la taille des exploitations augmente donc, avec une moyenne de 69 hectares.
L’élevage, le plus touché
Au-delà de ce premier constat, l’exercice du recensement agricole met en exergue des tendances dominantes. L’élevage est le plus touché par cette forte attrition. Le nombre d’exploitations spécialisées dans la production de lait ou de viande a plongé de 31 %. Producteurs de grandes cultures (céréales, oléagineux, betteraves, pommes de terre…), arboriculteurs et viticulteurs sont désormais devenus majoritaires sur le territoire national. Aujourd’hui, la France est donc d’abord une terre de grandes cultures, avec 112 000 exploitations spécialisées. Vient ensuite la viticulture, avec 59 000 exploitants. Les producteurs de viande bovine (48 000), quant à eux, arrivent en troisième position.
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