Selon un récent rapport de l’Institut du Développement Durable et des Relations Internationales (IDDRI), le développement des filières de l’hydrogène devrait s’articuler autour des usages « incontournables ». 

L’hydrogène bas-carbone séduit ! L’essor de la filière se constate par une accélération des politiques de soutien à l’hydrogène : l’Union européenne vise la construction de 40 GW d’électrolyseurs produisant 10 Mt d’hydrogène (333 TWh) à l’horizon 2030, tandis que la France ambitionne d’atteindre 6,5 GW d’électrolyseurs. Malgré cette dynamique et compte tenu de son potentiel de production limité, la question des usages dans lesquels déployer l’hydrogène reste fondamentale. Une problématique qui n’a pas échappé à l’IDDRI qui précise dans son rapport intitulé, « Hydrogène pour la neutralité climat : conditions de déploiement en France et en Europe », que l’hydrogène doit être développé en priorité dans les secteurs qui « en ont le plus besoin pour diminuer leurs émissions ».

D’après l’étude, l’hydrogène vert se caractérise par une « relative basse efficacité énergétique qui affecte sa performance technique et climatique » par rapport à d’autres vecteurs énergétiques. En raison de cette relative faiblesse, il serait judicieux d’orienter en priorité la consommation d’hydrogène vers les secteurs qui nécessitent de décarboner leur activité.

Certains usages de l’hydrogène seraient ainsi « incontournables », à savoir, l’industrie (chimie, raffinerie, acier) et le transport de longue distance en particulier l’aviation et le transport maritime. Ses usages pour d’autres segments « ne sont pas déterminants pour la décarbonation parce qu’il existe des alternatives suffisamment abondantes », peut-on lire dans le rapport.

Les choix politiques pour cibler les usages

Le développement des usages d’hydrogène par électrolyse de l’eau ou encore via la combinaison de technologies de séquestration du carbone au reformage du méthane, est « en partie guidé par la baisse de son coût de production », précisent les auteurs. Toutefois, cela ne garantirait pas à prioriser les usages de cet hydrogène.

D’après ce rapport, les choix politiques en matière d’usages de l’hydrogène doivent faire l’objet de « clauses de revoyure pour réévaluer la capacité des soutiens à cibler les usages prioritaires et pour s’adapter aux avancées technologiques dans les usages moins matures, notamment les initiatives de démonstration de technologies et les premières expériences de fabrication et d’acheminement d’hydrogène ».

Développer les infrastructures autour des usages prioritaires

La vision long terme de l’infrastructure de l’hydrogène « doit être construite à la fois au niveau européen et au niveau national », précise l’étude. Néanmoins, les auteurs invitent les acteurs impliqués dans le développement des infrastructures de l’hydrogène à concentrer leurs efforts autour des « usages incontournables de l’hydrogène afin d’éviter les coûts échoués, en premier lieu les consommateurs actuels et dont la production serait maintenue dans un système neutre en émissions ».