Il ne s’attendait pas à une telle déferlante. « Homme de l’ombre », « discret », comme le qualifient ceux qui l’ont côtoyé, Mark Sherringham est sous le feu des critiques depuis sa nomination à la présidence du Conseil supérieur des programmes (CSP) par Jean-Michel Blanquer, le 4 février. La FSU a exprimé ses « vives inquiétudes » face au choix « d’une personnalité si peu acquise aux valeurs essentielles de l’école publique et laïque ». Le SE-UNSA parle d’un « idéologue conservateur » proche « des milieux catholiques traditionalistes » et pose la question de son impartialité. La Ligue des droits de l’homme évoque une « offensive antilaïque pour l’école de la République », alors que le ministre de l’éducation s’est pourtant fait le défenseur des valeurs républicaines.
Docteur en philosophie, inspecteur général de l’éducation nationale, Mark Sherringham a travaillé dans les cabinets du premier ministre Raymond Barre, en 1980, et des ministres de l’éducation nationale François Fillon et Xavier Darcos, dans les années 2000. Mais ce n’est pas tant son parcours que ses écrits qui créent la controverse. Dans la revue Commentaire, en 2001, mais aussi dans un article paru dans Famille chrétienne, en 2009, Mark Sherringham s’est exprimé sur la nécessité de « réintroduire le christianisme dans le débat éducatif ».
« L’école laïque française est, et jusqu’à un certain point se sait, l’héritière de l’école chrétienne, et il n’est pas du tout sûr que la laïcisation du système éducatif français, intervenue dans le combat contre l’Eglise catholique et le pouvoir des congrégations au début du XXe siècle, marque une exclusion culturelle du christianisme hors du domaine de l’éducation dans notre pays », écrivait-il à l’époque. Mark Sherringham assume auprès du Monde ces propos, « produits il y a vingt ans en tant qu’universitaire ». L’inspecteur général renchérit : « Il y a une police de la pensée qui essaie de se mettre en place dans le débat intellectuel. » En revanche, il réfute toute proximité avec les écoles hors contrat, qui lui est reprochée.
Une passion française
Le Conseil supérieur des programmes n’en est pas à sa première polémique depuis sa création, en 2013, par le ministre Vincent Peillon. Boussole du travail quotidien des enseignants, les programmes scolaires ont tout d’une passion française. Les contenus en histoire et en éducation morale et civique, bien sûr, mais aussi les règles d’orthographe et de grammaire ou, plus récemment, l’enseignement des mathématiques, font partie des sujets inflammables.
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