A peine sortie de la plus grave récession enregistrée depuis la seconde guerre mondiale à cause de la pandémie de Covid-19, l’économie française se prépare à affronter un nouveau choc majeur. La guerre en Ukraine provoque une flambée des prix des matières premières qui va venir alimenter des poussées inflationnistes déjà présentes et rogner le pouvoir d’achat des ménages. Le conflit enraye la chaîne logistique et plonge le monde dans un degré d’incertitude rarement atteint. L’hypothèse d’une croissance de 3,6 % pour 2022, formulée en janvier par l’Insee, semble désormais caduque. Rexecode estime, à ce jour, que la guerre en Ukraine coûtera entre 0,7 et un 1 point de PIB à l’économie française.
L’inflation, une menace majeure
« Le renchérissement du prix du pétrole, du gaz et des matières premières a et aura des conséquences sur notre pouvoir d’achat : demain, le prix du plein d’essence, le montant de la facture de chauffage, le coût de certains produits risquent de s’alourdir encore », a déclaré Emmanuel Macron, dans son allocution du mercredi 2 mars. Selon l’assureur-crédit Euler Hermes, la facture moyenne annuelle pour les ménages français va atteindre 2 800 euros en 2022, soit 400 euros de plus qu’en 2021. A ce choc – l’énergie représente environ 9 % du panier de consommation des ménages, avec d’importantes disparités selon les lieux de résidence – s’ajouteront des hausses des prix des produits alimentaires.
Ceux-ci intègrent, en effet, des matières premières importées de Russie ou d’Ukraine, notamment le blé et l’huile de tournesol, dont les cours flambent actuellement. De quoi renchérir le coût du chariot de supermarché pour les ménages, d’autant que les négociations entre industriels de l’alimentaire et distributeurs achevées fin février ont déjà abouti à une hausse moyenne de 3 % des prix dans les rayons.
Le rythme de l’inflation – 3,6 % en France en février, soit avant le début de la guerre en Ukraine – devrait donc accélérer. « On peut estimer qu’on atteindra 4 % d’inflation au printemps », calcule Philippe Waechter, chef économiste chez Ostrum. Le gel du prix du gaz et de l’électricité décidé durant l’hiver et qui pourrait être prolongé jusqu’à fin 2022 devrait, dans un premier temps, atténuer l’impact sur les ménages : selon l’Insee, il permet d’éliminer un point d’inflation en France.
Mais il n’empêche : « C’est le pouvoir d’achat qui va trinquer », affirme sans ambages l’économiste Philippe Waechter. En décembre 2021, alors que le rythme d’inflation n’était que de 2,8 %, l’Insee avait estimé que le pouvoir d’achat des ménages baisserait de 0,5 % au premier semestre 2022, après une hausse de 1,9 % en 2021. Il semble désormais inévitable que ce chiffre soit dépassé. A moins que le « plan de résilience » à l’étude à Matignon ne parvienne à compenser la flambée des prix pour les Français.
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