Impression 3D : la mode en volume

Impression 3D_TextileAddict

©Julia Daviy

 

L’impression 3D inspire les designers et les projets foisonnent. En permettant la production directe d’articles finis, qui plus est sur-mesure et presque sans déchets textiles, l’impression 3D ouvre des perspectives alléchantes. Et si l’avenir de la mode s’imprimait en 3D ?

 

 

Impression 3D, quel procédé ?

 

L’impression 3D (ou fabrication additive) est née aux États-Unis au milieu des années 1980. Ce procédé permet d’imprimer des objets fonctionnels ou décoratifs d’une seule pièce, sans liant ni étapes d’assemblage.

Différents secteurs de l’industrie exploitent son potentiel : médecine, automobile, bâtiment… On imprime ainsi du béton, des organes, des prothèses et même des os ! Cette technologie s’est popularisée avec l’apparition sur le marché d’imprimantes 3D « familiales », accessibles et peu coûteuses.

 

 

Les 3 principales méthodes d’impression 3D : FDM, SLS et SLA

Quel que soit le procédé, la création d’un objet sur imprimante 3D s’effectue en 3 grandes étapes : conception grâce à un logiciel de CAO, découpage virtuel du modèle numérique en strates fines par un logiciel (slicer), puis fabrication sur le principe de l’impression 3D, c’est-à-dire couche par couche.

 

  • FDM (Fused Deposition Modeling) ou FFF (Fused Filament Fabrication) :

Le procédé FDM, le plus basique, consiste à déposer de la matière fondue à 200°C sur un support plane.

L’imprimante se compose de 3 éléments principaux : un plateau d’impression, une bobine de filament et une tête d’extrusion. Certaines machines sont équipées de plusieurs extrudeurs pour combiner les coloris et les matériaux.

Les filaments utilisés peuvent être en PLA (acide polylactique), ABS (Acrylonite Butadiène Styrène), polycarbonate, PET (polyester), polystyrène, Nylon, PVA, thermoplastiques, matières composites à base de métal, pierre ou bois… D’autres types de matériaux peuvent être utilisés pour leurs propriétés spécifiques.

 

  • SLS (Selective Laser Sinteting) ou frittage sélectif par laser :

L’impression SLS est un procédé de fusion de poudre polymère par laser. Une fine couche de poudre est déposée sur un plateau, chauffée légèrement en dessous de son point de fusion puis balayée par un faisceau laser pour l’agglomérer. L’opération est répétée couche après couche jusqu’à l’achèvement de l’objet modélisé.

On utilise surtout des poudres polymères plastiques, notamment à base de polyamide de type nylon  (PA 11, PA 12), avec la possibilité d’ajouter des fibres pour améliorer les propriétés mécaniques du matériau final : carbone, verre, aluminium, etc.

 

  • Stéréolithographie (SLA)

Le procédé SLA est le premier à avoir été développé, mais aussi le moins utilisé par l’industrie textile. Il repose sur l’emploi de matériaux d’impression liquides (résines polymères thermodurcissables), solidifiés couche par couche par photo-polymérisation (laser UV).

 

 

 

Impression 3D Anouk Wipprecht_TextileAddictSpider dress 3D ©Anouk Wipprecht

 

 

 

Vêtements & impression 3D : des projets inspirés

 

À l’intersection de la mode, de l’art et la technologie, la fabrication additive a de quoi fasciner. Après la haute couture et les costumes de scène, le secteur du prêt-à-porter commence, lui aussi, à exploiter son potentiel.

 

  • Un outil pour allier mode et technologie

 

L’impression 3D dans la mode est un terrain d’expérimentation pour les designers. La Synapse Dress (2014) et la Spider dress 3D (2015) ont fait le lien entre mode et science-fiction. Connectées et capables d’interactions avec leur environnement, ces créations robotiques d’Anouk Wipprecht (en collaboration avec Intel) ont exploré quelques possibilités qu’offre l’impression 3D dans le domaine des nouvelles technologies.

Une aubaine pour la scénographie : Moritz Waldenmeyer a créé un casque lumineux pour Jason Kay (Jamiroquai), Sculpteo a collaboré avec Ubisoft pour l’édition 2020 du jeu vidéo JustDance… La fabrication additive a déjà trouvé sa place dans la conception de costumes de scène.

 

 

Impression 3D Alexis Walsh_TextileAddictSpire Dress ©Alexis Walsh

 

 

  • De nouvelles possibilités de création et de production

 

Une grande partie du potentiel de l’impression 3D réside dans la liberté plastique qu’elle offre. L’opportunité de repousser les limites du textile traditionnel est saisie très tôt par certains créateurs tels qu’Iris Van Herpen ou Alexis Walsh (Spire Dress – 2014). Dentelles avant-gardistes, macramés futuristes, écailles extraterrestres, polygones… les possibilités de « sculpter » la matière pour créer des textures et des volumes sont infinies.

Après les spectaculaires robes Pangolin et Harmonograph, le collectif  ThreeASFOUR crée Oscillation, première robe multicolore imprimée en 3D. En collaboration avec Stratasys, le laboratoire de design D-House cherche quant à lui à révolutionner la maille avec des motifs 3D colorés pour des effets visuels inédits (holographiques, irisés…) Les modèles de cette collection en laine mérinos combinent l’impression 3D directe avec d’autres procédés (thermoformage, etc.)

La technique peut s’employer seule ou en association avec des modes de production plus traditionnels. Elle trouve un terrain d’expression parfait dans le domaine des accessoires, de la maroquinerie et des bijoux. L’une des forces de l’impression 3D est de permettre de créer des articles de qualité à forte identité et personnalisables dans des délais réduits. De l’habillage d’un sac en cuir (Collection DADA signée XYZ Bag) à la cravate de luxe au design unique (Viptie 3D), les exemples d’applications se multiplient.

Le procédé va comme un gant à la production d’accessoires mais aussi de chaussures design, comme le montre Adidas avec les baskets Futurecraft 4D, dont la semelle intermédiaire a été conçue en partenariat avec Carbon et produite à grande échelle grâce à l’impression 3D.

 

 

Impression 3D D-House_TextileAddict©D-House

 

 

  • Vers une démocratisation de l’impression 3D dans le prêt-à-porter

 

De nombreux designers cherchent aussi à répondre aux attentes concernant le confort et la « portabilité » des vêtements imprimés en 3D. On cherche désormais à améliorer ces points-clés en imaginant des vêtements souples et légers, idéalement composés d’une seule pièce et assez confortables pour être portés au quotidien. Un pari relevé par la robe Kinematic de Jessica Rosenkrantz, une pièce parfaitement adaptée à la morphologie de chacune grâce à sa fabrication d’après un scan du corps.

La vision du vêtement 3D que proposent certains créateurs est aussi créative que pragmatique. Chez Danit Peleg, le prêt-à-porter devient personnalisable, dans un univers où chacun peut décliner son propre modèle de veste 3D : couleur, doublure…

Pour Julia Daviy, la fabrication additive est un tremplin vers des méthodes de production textile durables et sans déchets. Elle s’est tournée vers l’impression 3D dans un souci d’éthique pour concevoir robes, jupes et hauts et propose également des alternatives au cuir animal.

En attendant, chez Ministry of Supply, le tricot s’imprime en 3D pour devenir un blazer sans coutures et affiche une réduction de 35 % des déchets de production.

 

 

 

 

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En facilitant la production par un processus global intégrant la conception, les mesures et la modélisation en un seul lieu (y compris l’assemblage final, les apprêts et les finitions), l’impression 3D pourrait bien rebattre les cartes dans un secteur en plein questionnement.

Les arguments avancés sont nombreux : moins de déchets de production, possibilité d’intégrer des matériaux recyclés, créations personnalisées ou sur-mesure rapides et à bas coût… Le motif devenant la structure même du vêtement, il est possible de maîtriser de manière très fine l’épaisseur, la forme et la couleur, tout en minimisant les pertes.

De nombreuses opportunités commerciales sont envisageables, jusqu’à imaginer, pourquoi pas, l’impression de vêtements chez soi à partir de fichiers téléchargés en ligne. De quoi réduire l’impact environnemental lié à la confection des vêtements ?

L’équation compte encore plusieurs inconnues : résistance à l’usage, à l’entretien, durée de vie, biodégradabilité ou possibilités de recyclage des produits… Il n’est pas encore dit que l’imprimante 3D remplacera un jour les filatures, les métiers à tisser et les machines à coudre traditionnels, mais la mode cherche déjà à tirer le meilleur de cette technologie.

 

 

A consulter : L’annuaire des imprimeurs textiles en France

 

 

À lire :

Les textiles 3D tissés, tressés et tricotés

Les Fablabs mode et textile

Quelles sont les techniques d’impression textile ?

L’histoire de l’impression textile

 

Elsa Laurent

Elsa Laurent

Designer dans l’industrie textile en habillement et en ameublement, je suis co-fondatrice de Textileaddict.me depuis 2017. J'aime partager mes connaissances et bons plans du textile mode et maison. Mon objectif : permettre aux acteurs du secteur de se mettre facilement en relation pour développer leurs projets.