Le vent d’hiver s’engouffre dans la cour pavée de l’Ecole supérieure de journalisme (ESJ) de Lille. Cernée de murs de brique rouge typiques du Nord, cette école a été le lieu d’entraînement de milliers d’aspirants journalistes. Des grands noms y ont fait leurs armes, signé leurs premiers articles ou parlé dans un micro pour de vrais-faux duplex. C’est dans cette cour que se forgent des passions, que se révèlent des talents. On y prépare des journaux télévisés, des flashs radio, on y apprend les rudiments du fact-checking.
Le journalisme continue de séduire les jeunes gens. Chaque année, l’école lilloise reçoit environ mille candidatures pour soixante places. Un vivier qui ne se tarit pas. A Sciences Po Paris, qui a ouvert un master de journalisme en 2004, le nombre de candidatures progresse de manière continue, avec huit cent cinquante candidatures l’année dernière pour une soixantaine de places également. « Ce métier est souvent critiqué et pas toujours facile. Mais son attrait semble intact. Dans une époque inondée par les “fake news”, beaucoup considèrent le journalisme comme utile », répond Alice Antheaume, directrice de l’école.
Un métier « vocation », porteur de sens pour nombre des étudiants qui s’y destinent. « Il y a quelque chose qui relève de la passion, c’est un choix qui se fait avec le cœur et avec un sens de la responsabilité sociale », estime Corinne Vanmerris, directrice des études de l’ESJ. Vocation : le mot ne semble pas trop fort pour Lou, étudiante à l’ESJ. Du plus loin qu’il lui revienne, elle a toujours voulu embrasser une carrière dans l’information. Elle l’a su dès l’âge de 13 ans. Stage de 3e à la radio Toulouse FM, bac ES, licence d’histoire, Sciences Po, ESJ : toutes les étapes de son parcours scolaire ont été choisies à dessein. « J’ai l’impression que je vais apprendre en permanence et rencontrer des tas de gens différents, espère l’étudiante. Pour moi, informer est une mission noble. »
De l’optimisme et du désir
Niklas Mönch, étudiant allemand de 26 ans, puise sa motivation dans la certitude qu’il fera un job « nécessaire et légitime », même s’il se méfie de ces mots parfois « galvaudés ». Il poursuit avec franchise et dans un français sans accent : « Je veux informer les gens, aider à l’ouverture d’esprit. » D’autres, comme Alexandre Portes, 22 ans, racontent une passion au carburant plus intime que politique. Si le jeune homme étudie à Lille cette année, c’est pour se mettre dans les pas de son père, journaliste télé qui l’a souvent emmené avec lui en reportage. « Je ne me sens pas investi d’un rôle particulier. Je ne me vois pas en chevalier de la démocratie. J’aime juste raconter les histoires des gens. » Martin Chabal, 23 ans, pense qu’en faisant un job comme ça, il n’aura « jamais l’impression de bosser ».
Il vous reste 64.08% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.