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Dans la magistrature, une lente ouverture sociale grâce aux classes prépa « égalité des chances »

L’Ecole nationale de la magistrature a instauré, depuis 2008, des classes préparatoires reservées aux élèves boursiers. Un dispositif qui, en raison des faibles effectifs d’admis, peine à changer la coloration sociale de cette grande école de la haute fonction publique.

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Publié le 08 mars 2022 à 07h00, modifié le 08 mars 2022 à 13h47

Temps de Lecture 6 min.

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Elle avait multiplié les sorties culturelles cette année-là. Des spectacles surtout, de théâtre, d’opéra, mais aussi des visites dans des musées, sans compter les livres lus et les films vus. En 2019, cela n’a pas été suffisant pour Charlotte Monteil, élève de la « prépa talents » de Douai (Nord). Elle se préparait, avec une vingtaine d’étudiants boursiers de niveau master, à passer le très sélectif concours de l’Ecole nationale de la magistrature (ENM), dont le taux de sélectivité oscille entre 5 % en 1996 et 8 % en 2021.

Le thème de la dissertation de culture générale était « démocratie », en cette année marquée par la mobilisation des « gilets jaunes » qui avait ravivé les débats sur les institutions de la Ve République. « Quand on a fait cinq ans de droit à l’université et qu’on vient d’une petite ville, on est moins à l’aise en culture générale », explique la jeune femme qui a grandi à Narbonne (Aude), dans une famille de gendarmes. Or, l’épreuve « reine » de culture générale doit être un « regard croisé qui s’appuie sur des références historiques, philosophiques, politiques et juridiques », détaille-t-elle. Charlotte Monteil a dû faire une deuxième année de prépa, privée cette fois-ci, pour intégrer l’école.

Depuis 2008, date à laquelle elles ont été créées, les trois classes préparatoires « égalité des chances », situées à Paris, Bordeaux et Douai, ont permis à 169 étudiants (27,6 % de la totalité des élèves) d’intégrer l’ENM par le biais du « premier concours », ouvert aux étudiants de moins de 31 ans. Soit, en moyenne, depuis 2009, une petite dizaine d’admis par an, sachant que le nombre de reçus au « premier concours » a régulièrement dépassé les 200 étudiants.

Avec leurs effectifs réduits (18 élèves en moyenne par an) ces classes prépa mettent pourtant en avant leur pédagogie par le tutorat, les stages en juridiction et les activités culturelles. Mais, lors du dernier concours, en 2021, ce sont seulement sept élèves issus de ces prépas talents qui ont réussi à intégrer l’école bordelaise et devenir ainsi « auditeurs de justice », le statut réservé à ces magistrats en formation pour trente et un mois. Un chiffre en baisse, selon Samuel Lainé, directeur adjoint de l’ENM, qui serait lié à la situation sanitaire, au « niveau » des étudiants et au nombre de places au concours fixé par le ministère de la justice.

« Refléter la diversité de la société »

Après le séisme de l’affaire d’Outreau [un fiasco judiciaire ayant eu lieu en 2004-2005 dans le Pas-de-Calais, qui s’était soldé par l’acquittement de treize personnes ayant souvent passé plusieurs années en prison] et la mise en cause du jeune juge d’instruction Fabrice Burgaud, l’ENM a été sommée de se réformer. Diversifier les profils, les origines sociales et géographiques des élèves : tel était notamment l’objectif assigné à l’école bordelaise, créée en 1958 par le général de Gaulle et Michel Debré. Jean-François Thony, directeur de l’école à l’époque de la création de ces prépas, défendait l’idée que la magistrature, encore plus que les autres professions, devait s’efforcer de « refléter la diversité de la société au nom de qui elle rend la justice ».

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