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Mobilité européenne : “grâce à l’engagement en service civique les jeunes réussissent à trouver leur voie”

Ce 10 mars, l’Agence du service civique fête ses 12 ans. Un double événement, en plein cœur de la présidence française du Conseil de l’UE et de l’année européenne de la jeunesse. L’occasion d’interroger sa directrice, Béatrice Angrand pour évoquer les liens entre service civique, Europe et jeunesse.

Béatrice Angrand a été nommée à la présidence de l'Agence du service civique le 28 mars 2019 - Crédits : Agence du service civique
Béatrice Angrand a été nommée à la présidence de l’Agence du service civique le 28 mars 2019 - Crédits : Agence du service civique

En 12 ans, l’Agence du service civique a accompagné plus de 500 000 jeunes volontaires de 16 à 25 ans (30 ans pour les personnes en situation de handicap), engagés dans des actions d’intérêt général.  Depuis trois ans, Béatrice Angrand poursuit ce travail, “pour faire vivre les actions d’intérêt général au service de la cohésion sociale”.  

Béatrice Angrand est née en 1967. A 26 ans elle prend la direction de l’Institut français de Rostock en Allemagne (1993-1996) avant de prendre la tête de l’établissement de Timisoara en Roumanie jusqu’en 1998. Elle intègre l’année suivante la chaîne franco-allemande Arte, notamment en tant que conseillère à la présidence, avant de devenir en 209 secrétaire générale de l’Office franco-allemand pour la jeunesse (Ofaje). Enfin, le 28 mars 2019, elle est nommée par le président de la République présidente de l’Agence du Service Civique.

Quel est le rôle de l’Agence du service civique ?

Notre rôle est de permettre à chaque jeune qui le souhaite de s’engager pour une cause qui lui tient à cœur. Pour réaliser un service civique il n’y a d’autre condition que la motivation ! Cette expérience peut se dérouler dans un organisme proche de chez soi, mais également, dans une autre région, dans un département ou territoire d’outre-mer, en Europe ou dans le monde. De notre côté, nous leur permettons d’être encadré dans cet engagement. Durant 6 à 12 mois, on les accompagne pour trouver une association ou une collectivité dans laquelle ils vont réaliser un travail d’intérêt général rémunéré (580 euros par mois). De plus, ces jeunes bénéficient d’un tutorat, ils sont guidés durant leur engagement, ce qui est un vrai avantage !

Quelle est la valeur ajoutée d’un engagement en service civique ?

Elle repose sur deux aspects. D’une part, les jeunes en service civique acquièrent des compétences et des aptitudes nouvelles, en dehors du cadre scolaire. Ils peuvent engranger des savoirs (apprendre une langue, améliorer leur relationnel) et des savoir-faire (compétences informatiques, savoir parler en public etc). D’autre part, cet apprentissage non-formel permet de développer la confiance en soi. Les jeunes apprennent à prendre des initiatives et surtout ils se projettent plus facilement dans l’avenir. Et c’est un vrai avantage pour leur vie personnelle mais aussi et surtout professionnelle. J’entends souvent des jeunes qui me disent qu’ils ont trouvé leur voie pendant le service civique. Pour moi c’est un grand accomplissement, je trouve cela fascinant de devenir quelqu’un par l’engagement.

Une importance d’autant plus grande, alors que 2022 a été déclarée année européenne de la jeunesse ?

Bien-sûr ! A l’Agence, nous avons un poste d’observation intéressant sur le comportement des jeunes. Je note que depuis deux ans ils sont plus préoccupés par le sens qu’ils donnent à leur vie, par l’engagement personnel dans une action collective comme l’écologie ou l’aide aux personnes âgées, pour lutter contre l’isolement par exemple.

Il faut que nous nous appuyions sur cette jeunesse engagée pour le futur. Une jeunesse de l’engagement au sein de l’Europe. D’ailleurs, le 10 mars nous fêtons l’anniversaire de l’Agence en réunissant au Generator Hostel à Paris (9-11 place du Colonel Fabien), les lauréats d’un concours vidéo ouvert aux jeunes en service civique ou participant au Corps européen de solidarité. Ils recevront leur prix pour avoir réussi à mettre en image l’engagement de la jeunesse au sein d’une Europe solidaire qui permet la libre circulation.

Cette année, nous sommes également portés par la présidence française du Conseil de l’UE et les 35 ans d’Erasmus +. En mai, nous recevrons nos homologues responsables des agences Erasmus + jeunesse, dans le cadre de la présidence française.

Car, l’Agence du service civique est chargée depuis 2016 par la Commission européenne de mettre en œuvre, en France, le volet jeunesse du programme Erasmus +. Nous instruisons les dossiers de demande de financement pour des projets portés par des jeunes français tournés vers le respect de l’environnement, l’inclusion ou le numérique. De la même façon, depuis 2018 cette fois, nous sommes chargés par l’Europe du déploiement du Corps européen de solidarité. Nous jouons le rôle d’agrégateur de projet dans l’hexagone.

L’Agence du service civique est un groupement d’intérêt public créé en 2010. Il a pour mission d’assurer la mise en œuvre du Service Civique, à savoir permettre à des jeunes de 16 à 30 ans de s’engager pendant 6 ou 12 mois dans des missions d’intérêt général en lien avec 10 thématiques (santé, éducation pour tous, sport, environnement…) en étant rémunérés à hauteur de 580 euros net par mois, prix en charge par l’Etat et l’organisme d’accueil. Depuis 2016, l’Agence est également chargée par l’UE du volet jeunesse du programme Erasmus + en France. Et depuis 2018, elle centralise les projets français dans le cadre du Corps européen de solidarité (CES) qui propose une aide financière aux jeunes de 18 à 30 ans souhaitant s’engager dans un volontariat individuel ou dans un projet collectif solidaire. 

La dimension européenne de l’Agence du service civique est forte et d’ailleurs le président Emmanuel Macron a porté l’idée d’un service civique européen, qu’en pensez-vous ?

Le président de la République a énoncé cette idée dans les priorités de la présidence française du Conseil de l’UE. Il fait cette proposition à ses partenaires européens en s’appuyant sur l’expérience du service civique français. C’est une très bonne chose ! Mais je crois qu’il faut dépasser cette référence très nationale. Le président a utilisé ce nom connu pour inciter à la création d’une expérience sociale au niveau européen, en s’appuyant sur des actions de solidarité pour renforcer la mobilité des jeunes en Europe. Il veut créer de la mobilité en proposant aux 27 de se doter d’un service civique car il faut savoir que seuls la France, l’Allemagne, le Luxembourg et la Belgique proposent une expérience qui s’y apparente.

Quel serait la différence de ce service civique européen avec ce que propose Erasmus + ou le Corps européen de solidarité ?

Nous pourrions le voir comme un “Erasmus des engagés”. A l’Agence du service civique, nous proposons déjà des mobilités en Europe ou à l’international, comme le CES, mais il existe une différence de prise en charge des frais. Il s’agirait donc d’articuler les programmes existants et non pas d’en créer un nouveau.

Il y a des expérimentations qui sont réalisées comme ce que fait Benjamin Sibille avec son Collectif pour un Service civique européen. Nous les soutenons dans leur démarche en leur apportant l’agrément service civique et dans le cadre d’Erasmus + jeunesse. Mais, nous sommes uniquement un opérateur de l’Etat, nous n’intervenons pas dans le processus législatif européen. Nous sommes consultés mais nous restons neutres et n’intervenons pas dans l’écriture de texte, comme peut le faire Ilana Cicurel qui est députée européenne et avec qui j’échange sur ce sujet.

En tout cas, l’objectif serait de s’appuyer sur l’expérience nationale des jeunes, d’ouvrir la porte encore plus grande pour que tous, dans leur diversité sociale, puissent avoir accès à la mobilité européenne à travers un engagement.

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