Paris se prépare à accueillir des centaines d’enfants ukrainiens dans les écoles, collèges et lycées

Apprentissage du français, gratuité de la cantine... Un plan d’accueil «école» pour les réfugiés ukrainiens de 3 à 18 ans est «en cours de finalisation».

Cette école de la rue de Verneuil (VIIe) va accueillir des enfants ukrainiens dans les prochains jours. Google street view
Cette école de la rue de Verneuil (VIIe) va accueillir des enfants ukrainiens dans les prochains jours. Google street view

    Combien y aura-t-il de jeunes réfugiés d’Ukraine dans les prochaines semaines à Paris ? Quelle connaissance du français ou d’une autre langue auront-ils ? Quid de l’apprentissage ? Comment accueillir les enfants dans les écoles primaires, collèges et lycées à côté des petits Parisiens qui maîtrisent bien la langue de Molière ?

    Depuis l’invasion de l’Ukraine, le 24 février, et la triste évolution du conflit, Paris se penche sur l’accueil de ces enfants, certains arrivés accompagnés de leur mère, d’un parent ou d’un ami adulte, d’autres seuls, mineurs isolés ou encore orphelins rapatriés de leur lieu d’hébergement désormais sous les bombes…

    Lundi, Anne Hidalgo, la maire (PS) de Paris, a réuni ses adjoints et maires d’arrondissement avec le consul d’Ukraine et les associations humanitaires. Ils ont élaboré un plan d’accueil d’envergure notamment pour les enfants en bas âge : crèches, haltes-garderies, écoles maternelles et primaires dédiées, dont l’une près de l’ambassade d’Ukraine, gymnases mis à disposition pour accueillir les familles, flotte de bus réquisitionnés pour aller chercher les familles gare de l’Est au pied des trains et gare de Lyon au pied des bus arrivés de Pologne, d’Allemagne…

    Le nombre de réfugiés va être multiplié par 3 dans les jours prochains

    Ce mardi, c’est le versant « académique », avec les écoles, collèges et lycées, qui a été abordé. « Nous avons eu une réunion à l’ambassade d’Ukraine, avenue de Saxe (VIIe) », confirme Patrick Bloche (PS), maire adjoint à l’éducation et à la petite enfance, avec des élus et surtout le rectorat. « Plusieurs mesures sont mises en place pour scolariser sans délai les enfants des réfugiés ukrainiens qui arriveront à Paris », assure ce mercredi le rectorat. « La procédure est en cours de finalisation », poursuit son porte-parole.

    La majorité de ces jeunes réfugiés ne parlent pas un mot de français. « Même si on en croise quelques-uns qui parlent français. C’est le cas de cet adolescent qui était scolarisé au lycée français de Kiev et qui faisait traducteur pour sa famille », note Hélène Soupios-David, directrice plaidoyer à France terre d’asile, lieu d’accueil unique pour l’Ukraine, situé rue des Cheminots (XVIIIe), au cœur du nouveau quartier Chapelle International. Mardi, 500 réfugiés y ont été reçus. Le chiffre devrait tripler ces prochains jours.



    Le rectorat détaille son plan : « Ces enfants et adolescents vont être admis dans les écoles et établissements dotés d’une unité pédagogique pour élèves allophones arrivants (UPE2A). » Traduisez : à Paris intra-muros, il y a 55 des 645 écoles maternelles et primaires et 81 collèges et lycées qui ont un dispositif spécial de cours de français destinés aux enfants étrangers non francophones. L’idée, c’est que cet apprentissage linguistique intense soit une étape pour intégrer ensuite des collèges et lycées « ordinaires » avec des cours « classiques ». Depuis la rentrée 2021, le rectorat a accueilli dans ces structures UPE2A, dans le premier comme dans le second degré, une cinquantaine d’élèves arrivés d’Ukraine. « Elles pourront sans difficulté en accueillir de nouveaux au cours des prochaines semaines », promet son porte-parole.

    Apprendre au plus vite le français

    Dans ce dispositif inédit qui intervient dans un contexte de guerre et qui vise à protéger les enfants, la France entend mettre les parents ukrainiens dans la boucle. Le ministère chargé de l’Éducation nationale et le ministère de l’Intérieur vont diriger les adultes vers des ateliers OEPRE (Ouvrir l’école aux parents pour la réussite des élèves). L’idée est d’impliquer les parents dans la scolarité de leurs enfants, « favoriser leur intégration », par l’apprentissage du français mais aussi « la connaissance des valeurs de la République ». Justement, « la Ville va ouvrir ses cours municipaux gratuits aux adultes ukrainiens, cours qui sont offerts le soir dans les écoles primaires vidées des enfants », ajoute Patrick Bloche.

    Enfin, parce que les enfants qui apprennent la langue de Molière ont aussi besoin de manger, le 22 mars, une délibération s’invitera au Conseil de Paris. Elle vise la gratuité de la cantine aux petits réfugiés ukrainiens débarqués à Paris.



    Deux gymnases ouvrent également leurs portes aux Ukrainiens. « D’une capacité de 200 à 300 personnes, ce sont des sas d’accueil avant d’orienter les réfugiés dans des centres d’hébergement d’urgence », indique Emmanuel Grégoire (PS), premier adjoint à la mairie de Paris. Le gymnase Paradis, situé dans le Xe arrondissement, fonctionne 24 heures sur 24 pour gérer les nombreuses arrivées à la gare de l’Est. Le gymnase de Bercy (XIIe), qui ouvrira ce jeudi, n’accueillera les réfugiés que l’après-midi. Il est plutôt destiné aux Ukrainiens qui veulent se rendre en Espagne et transitent par la gare de Lyon. « Pour l’heure, c’est un lieu d’accueil et d’orientation, pas d’hébergement, mais les horaires pourront évoluer en fonction des besoins », précise le bras droit de la maire.