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« Avec le prix de l’essence, est-ce que travailler vaut encore le coup ? »

Taxis, aides à domiciles, agriculteurs ou chauffeurs routiers, certaines professions sont particulièrement exposées à l’augmentation continue des prix des carburants depuis dix semaines.

Par ,  (Correspondant régional), et  (Lille, correspondante)

Publié le 09 mars 2022 à 02h23, modifié le 09 mars 2022 à 11h55

Temps de Lecture 6 min.

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Des automobilistes attendent à une station service d’Harfleur, près du Havre, le 5 mars 2022.

Sur la page Facebook qui rassemble plus de 6 000 aides à domicile et auxiliaires de vie, une même préoccupation s’affiche d’une publication à l’autre : « Avec le prix de l’essence, est-ce que travailler vaut encore le coup ? » Comme beaucoup de Français qui utilisent leur voiture quotidiennement, ces femmes qui vont et viennent toute la semaine chez des personnes âgées pour les aider dans leur vie quotidienne, constatent avec appréhension l’augmentation continue des prix des carburants depuis maintenant dix semaines.

Ils battaient déjà des records avant le début de la guerre en Ukraine, sur fond de reprise économique mondiale et d’extractions de pétrole toujours limitées des grands pays producteurs, mais l’offensive russe a poussé les cours du brut à des sommets. En France, le sans plomb 95 a pris 7 centimes en une semaine, et s’affiche en moyenne à 1,8889 euro le litre, quand celui de gazole a bondi de 14 centimes, à 1,8831 euro selon les derniers relevés officiels, datant du vendredi 4 mars. Soit respectivement + 26,7 % et + 36,8 % sur un an. Ce ne sont que des moyennes : les prix dépassent les 2 euros sur l’autoroute ou dans Paris.

« On ne va pas s’en sortir ! », s’emporte Sylvie Clément, aide à domicile dans le secteur associatif. Sa convention collective prévoit une indemnité de 35 centimes du kilomètre, un prix qui n’a pas bougé depuis 2010 et est censé couvrir l’amortissement du véhicule, l’entretien, l’assurance, et le prix du carburant. C’est encore moins dans le secteur privé, où l’indemnité kilométrique est souvent collée au plancher fixé à 22 centimes du kilomètre. « Je fais 280 km par semaine. A ce prix-là, se déplacer pour une demi-heure n’est plus rentable. » D’autant que le métier, qui rémunère au smic ou juste au-dessus, embauche rarement à temps plein. « Autour de moi, des filles préfèrent arrêter de travailler que de voir 20 % de leur petit salaire partir en essence », explique Anne Lauseig, assistante de vie en Gironde.

Le secteur de l’aide à domicile peine à recruter

Sur Facebook, le collectif national La Force invisible des aides à domicile a appelé ses membres à publier sous le mot-clé « #AVSensursis » une photo de leurs tickets de caisse à la station-service, associée au montant de leur indemnité kilométrique. « Jusqu’à quand pourrons-nous continuer ? », interroge l’une d’elles en commentaire de sa photo d’une pompe à 2,009 euros le litre, pour une indemnité à 30 centimes. Le secteur rencontre déjà des difficultés pour recruter.

D’autres professions sont particulièrement exposées. Taxi depuis treize ans et patron depuis onze ans de sa petite société installée à Saint-Arnoult (Loir-et-Cher), Sébastien Daguet emploie quatre chauffeurs salariés qui parcourent chacun environ 600 km par jour et consomment presque un plein au quotidien. « Moi un peu moins car je fais aussi beaucoup de paperasse », dit-il en montrant une fiche qui détaille le volume de gazole brûlé par son équipe l’an dernier : 19 254 litres. Le gros de leurs courses consiste à conduire des clients à leurs rendez-vous médicaux, ce qui induit généralement de longues distances dans une région en proie à la désertification médicale.

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