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Enseignement : les régions veulent être « les chefs de file » de l'orientation

Les régions se félicitent de la proposition d'Emmanuel Macron d'ouvrir davantage l'école sur l'entreprise. Mais elles réclament une responsabilité complète en matière d'orientation qui déboucherait sur de véritables agences régionales. Et une plus grande « souplesse » des établissements scolaires à l'égard des entreprises.

Depuis 2018, les régions bénéficient d'une responsabilité en matière d'information sur les métiers et les formations.
Depuis 2018, les régions bénéficient d'une responsabilité en matière d'information sur les métiers et les formations. (ALLILI MOURAD/SIPA)

Par Marie-Christine Corbier

Publié le 10 mars 2022 à 16:56

« J'ai pu voir avec plaisir que le candidat Macron, sur l'orientation, avait enfin [la] vision d'une école plus ouverte, où l'on facilite l'entrée des entreprises au moment du collège », se félicitait mardi la présidente (PS) de Régions de France Carole Delga, en présentant le Livre blanc de l'association, « feuille de route pour la relation avec le prochain gouvernement ».

Dans un entretien aux « Echos », François Bonneau, vice-président de l'association en charge de l'éducation, de la formation et de l'emploi, et à la tête de la région Centre-Val de Loire, explique que les régions veulent « aller plus loin » que leurs compétences actuelles. Depuis la loi de septembre 2018, elles bénéficient d'une responsabilité en matière d'information sur les métiers et les formations. « Cette évolution, très positive, doit être complétée », affirme François Bonneau, qui veut qu'elles soient les « chefs de file de l'orientation professionnelle des jeunes et des demandeurs d'emploi ».

Les entreprises à l'école : une entrée « compliquée »

Les régions qui, pour certaines, ont développé des guides post-troisième ou post-bac, organisent des rencontres avec des professionnels ou mettent en place des bus de l'orientation, veulent « créer partout des agences de l'orientation, sous pilotage des régions ». Celles-ci regrouperaient des établissements de formation (collèges, lycées, universités…), des services (Pôle emploi, Apec, missions locales…) et les branches professionnelles.

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Il faut « plus de fluidité entre l'éducation des jeunes et le monde économique et social », plaide François Bonneau qui regrette que ce soit encore « compliqué d'avoir la présence d'un professionnel au sein d'un établissement scolaire ». Une situation complexe pointée aussi par un récent rapport parlementaire .

Devenir les chefs de file de l'orientation supposerait d'avoir « la responsabilité pleine et entière sur les délégations régionales de l'Onisep et les Centres d'information et d'orientation (CIO), sur la coordination de l'ensemble des personnels, avec une interface directe avec les établissements scolaires », selon François Bonneau. Un sujet sensible. Après une levée de boucliers , le gouvernement avait renoncé en 2018 à faire des régions les seuls patrons de l'orientation.

« Il faut partir d'une logique de services et pas d'une logique de boutique, plaide François Bonneau. Pour un jeune, une famille, un adulte privé d'emploi, peu importe le rattachement de l'organisme qui va concourir à son information et son conseil. » Les régions veulent « faire travailler ensemble toutes les structures et être ainsi plus visibles et plus efficaces ».

Former les enseignants

Cette agence - il y en aurait une par région - aurait aussi vocation, selon François Bonneau, d'« agir en direction des enseignants », leur formation initiale faisant aujourd'hui « trop peu appel à la compréhension du monde économique et social ». Il faut que les enseignants puissent avoir, dans leur formation initiale comme tout au long de leur carrière, la possibilité d'être de plain-pied avec le monde économique et social, ses évolutions, ses tendances. Il faut cette ouverture. »

Celle-ci doit aussi concerner « les professionnels d'orientation de l'Education nationale », dont le prisme de formation ne devrait pas être seulement d'ordre psychologique. « Aujourd'hui, on forme à l'orientation sous cet angle, qui ne peut pas être la seule approche. Il faut la compléter d'approches pluridisciplinaires dans lesquelles l'économie, la sociologie de l'emploi » ont toute leur place. Il propose, comme les parlementaires Sylvie Charrière et Frédéric Reiss , de créer de véritables ingénieurs de l'orientation.

« Pas du baratin »

Pour les élèves censés bénéficier de 54 heures dédiées à l'orientation au lycée, François Bonneau propose qu'elles soient « inscrites dans la dotation horaire des établissements » pour éviter la situation actuelle où certains élèves en bénéficient et pas d'autres. « Mais il faut qu'elles soient déclinées de manière souple », insiste-t-il. Pas question de faire une heure d'orientation par semaine, sous forme de prise de notes. « Être sensibilisé à l'orientation, ce n'est pas du baratin, c'est du vécu et des images qui se construisent. »

A ceux qui objecteraient le risque d'un « adéquationnisme béat », il insiste sur l'importance du « parcours ». Et propose des classes de découverte du monde économique, sur le modèle des classes vertes. Mais la « souplesse » qu'il revendique, ce sera aussi, dit-il, « être capable de libérer trois heures pour trois divisions d'élèves si leur établissement accueille des professionnels qui viennent parler du numérique ou des nouveaux métiers liés à l'énergie ».

Marie-Christine Corbier

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