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L'« Erasmus rural » : un service civique de 6 mois à la campagne

Grâce à l'Erasmus rural, de jeunes volontaires s'installent au coeur des villages pour soutenir des initiatives positives. Ce dispositif, créé par l'association InSite, espère séduire plus de 80 jeunes en 2022.

L'association espère attirer plus de 80 volontaires en 2022.
L'association espère attirer plus de 80 volontaires en 2022. (Getty Images/Cavan Images RF)

Par Corinne Dillenseger

Publié le 16 févr. 2022 à 12:02Mis à jour le 13 févr. 2023 à 16:19

C'est un service civique bien particulier que propose InSite depuis trois ans. Cette association a imaginé une forme de volontariat à la campagne, un « Erasmus rural » permettant à des jeunes entre 18 et 25-30 ans de travailler et de vivre durant six mois au coeur de petites communes, en Occitanie, Corse, Paca, Normandie ou Auvergne-Rhône-Alpes.

Les missions sont variées. Elles concernent des projets culturels, environnementaux et/ou sociaux. Par exemple, participer à l'animation du café associatif festif du petit village de Camembert, en Normandie ; renforcer le lien intergénérationnel et valoriser le patrimoine de Bisinchi en Haute-Corse ; appuyer les équipes d'animation, techniques et scientifiques de la réserve naturelle de Camargue.

Une expérience inédite et valorisante

Au coeur des Alpilles, Léo et Lola font vivre les jardins partagés et familiaux du petit village d'Aureille, contribuent à la création de sentiers de randonnées thématiques, montent une exposition sur l'histoire de la commune en collectant des archives auprès des habitants. « L'Erasmus rural me permet de vivre une expérience hors du commun dans laquelle je travaille, j'apprends et je m'épanouis avec les habitants et différents acteurs », se réjouit Léo (23 ans).

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« L'ensemble des tâches que nous menons enrichit nos compétences : la prise d'initiative, le sens de l'organisation, l'autonomie, la capacité d'adaptation, énumère Lola (22 ans). Tout cela est bénéfique à notre vie personnelle et professionnelle. »

Chaque jeune est missionné 25 heures par semaine pour une indemnisation mensuelle entre 470 et 580 euros. Il est suivi par un tuteur local (un élu, le président d'une association…), bénéficie d'une formation civique et citoyenne, ainsi que de formations annexes pour mener à bien sa mission. Il fait aussi le point avec l'équipe d'InSite deux fois par mois.

Logé sur place, gratuitement ou à moindres frais, il peut - selon la mission - poser ses valises dans un appartement du « village vacances » voisin, dans un gîte en colocation avec un autre service civique ou dans un chalet tout équipé dans un camping. Lola et Léo habitent tous les deux dans l'ancienne gare du village, réaménagée pour l'occasion.

Des volontaires plutôt parisiens et diplômés

Les offres sont disponibles sur le site insite-france.org . Il suffit de remplir le formulaire de candidature et d'ajouter quelques lignes sur ses motivations. En 2021, InSite a reçu plus de 120 candidatures : 57 jeunes sont passés par le programme Erasmus rural (ils étaient 17 en 2020 et 9 en 2019), « ce qui représente plus de 30.000 heures de volontariat au service de 77 projets locaux dans 36 communes rurales », indique le récent rapport d'impact de l'association. Les deux tiers des jeunes sont originaires de Paris ou ils y ont fait leurs études.

Plus de la moitié des 57 volontaires ont au minimum un bac +3, alors qu'ils ne sont qu'un tiers dans les missions du service civique classique . Léo est diplômé d'un master 1 géographie à la Sorbonne, Lola d'un bachelor management, économie et marketing à Burgundy School of Business à Lyon. « Nous offrons des missions très engageantes pour lesquelles les jeunes doivent vraiment sortir de leurs zones de confort et aller vivre une immersion dans un territoire inconnu, ce qui nécessite d'avoir une certaine expérience de vie, professionnelle et/ou scolaire », souligne Olivier Denat, l'animateur du réseau InSite.

Et que deviennent les jeunes à la fin de leur Erasmus rural ? Certains ont été recrutés pour pérenniser l'action engagée ou ont décroché un emploi ailleurs en lien avec leur expérience. D'autres ont repris leurs études « avec une réorientation ou bien des demandes d'écoles ou de masters qui ont été acceptées grâce à leur expérience. Dans tous les cas, ils ont gagné en confiance et en maturité », constate avec fierté Olivier Denat.

L'association, qui cherche à se déployer dans de nouveaux territoires ruraux, comme la Nouvelle-Aquitaine, espère attirer plus de 80 volontaires en 2022.

Corinne Dillenseger

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