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La pénurie de généralistes, symptôme de la progression des « déserts médicaux » en ville comme à la campagne

Face à un problème de plus en plus aigu, de nombreux candidats à la présidentielle brandissent la contrainte à l’installation pour les médecins. Une solution, écartée jusqu’ici par le gouvernement, qui provoque l’opposition dans la communauté médicale.

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Publié le 14 mars 2022 à 03h10, modifié le 14 mars 2022 à 15h19

Temps de Lecture 11 min.

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Une banderole installée le long d’une route de La Chapelle-Launay (Loire-Atlantique), en juin 2019.

En matière de santé, il n’est pas un programme électoral dans lequel le sujet des déserts médicaux ne figure en tête. La pénurie de médecins « est un des problèmes les plus importants aujourd’hui de notre pays », reconnaissait ainsi Emmanuel Macron en décembre, assurant qu’il ne « laissera[it] pas des déserts médicaux supplémentaires se faire ». Le chef de l’Etat, dans sa lettre de candidature diffusée jeudi 3 mars, a de nouveau promis de les faire « reculer ».

Depuis 2017, les fractures n’ont pourtant cessé de se creuser. Au premier rang, pour accéder à l’un des premiers chaînons du soin : le médecin généraliste. Selon les indicateurs calculés par le géographe de la santé Emmanuel Vigneron, à partir de données publiques, l’érosion s’est accélérée entre 2017 et 2021.

La densité médicale par département, soit le nombre de médecins généralistes (libéraux exclusifs et exercice mixte) par rapport à la population, a diminué en moyenne de 1 % par an en France sur cette période. La baisse moyenne s’élevait à 0,77 % sous le quinquennat précédent. Les trois quarts des 100 départements français voient leur situation se dégrader, seuls dix-sept se trouvent en stagnation, huit en amélioration.

Bas-
Rhin
Drôme
Loir-et-
Cher
Haute-
Corse
Lot
1
Hautes-
Alpes
Haute-
Vienne
Puy-de-
Dôme
Haut-
Rhin
Isère
Vosges
Vaucluse
Corrèze
Aisne
Haute-
Loire
Pyrénées-
Orientales
Manche
Meurthe-
et-Moselle
Savoie
Ariège
Lot-et-
Garonne
Doubs
Var
Finistère
Nord
Haute-
Savoie
Cher
Hautes-
Pyrénées
Corse-
du-Sud
Haute-
Garonne
Jura
Gard
Deux-
Sèvres
Haute-
Marne
Lozère
Rhône
Loiret
Eure-et-
Loir
Nièvre
Hérault
Aube
Bouches-
du-Rhône
Côtes-
d’Armor
Ain
Tarn-et-
Garonne
Côte-d’Or
Marne
Alpes-
Maritimes
Maine-
et-Loire
Mayenne
Haute-
Saône
Ardèche
Yonne
Vendée
Moselle
Alpes-de-
Haute-
Provence
Creuse
Eure
Loire
Orne
Ille-et-
Vilaine
Meuse
Oise
3
Seine-
et-Marne
Calvados
Indre-
et-Loire
Gers
Loire-
Atlantique
Indre
Dordogne
Vienne
Ardennes
Cantal
Landes
Gironde
Morbihan
Pas-de-
Calais
Aude
Pyrénées-
Atlantiques
Charente
Seine-
Maritime
Sarthe
Saône-et-
Loire
Tarn
Charente-
Maritime
Somme
Allier
Aveyron
2
Territoire
de Belfort
Hauts-
de-Seine
Paris
Seine-Saint-Denis
Val-de-Marne
1-Yvelines ; 2-Essonne ;
3-Val-d’Oise
Martinique
La Réunion
Mayotte
Guyane
Guadeloupe
2012-2017
2017-2021

Densité médicale

Evolution moyenne annuelle de la densité de médecins généralistes

La séparation entre un sud mieux doté, et un nord et un centre de la France en souffrance, se confirme

Dans la vingtaine de départements où la chute a été la plus rude, la desserte est alarmante, elle atteint un médecin pour quelque 1 400 habitants en moyenne – contre un pour 1 025 à l’échelle nationale. En première ligne apparaissent les territoires ruraux et hyper-ruraux, comme l’Orne, la Charente, l’Aube, la Sarthe ou encore l’Yonne. Viennent aussi des espaces urbains défavorisés comme la Seine-Saint-Denis, où l’on descend au taux extrême d’un médecin pour 1 683 habitants. Quelques départements urbains jusque-là relativement préservés ne le sont plus, comme les Hauts-de-Seine, où les chiffres continuent de plonger (2,76 % par an, avec un médecin pour 1 312 habitants).

« Dans les départements déjà les plus fragiles, la situation est tragique, juge le professeur Emmanuel Vigneron. C’est en effet dans ces territoires les plus mal lotis que la dégradation est la plus prononcée. » La séparation entre un sud mieux doté, et un nord et un centre de la France en souffrance, se confirme. « Mais les départements du pourtour méditerranéen, longtemps considérés comme privilégiés, connaissent pour la première fois un véritable affaiblissement », pointe le géographe.

« Taches d’huile »

Le nombre de départements en grande difficulté augmente : 57 se retrouvent désormais avec une desserte de seulement un médecin pour 1 000 à 2 000 patients environ, contre 48, cinq ans plus tôt. « Les déserts s’étendent, comme des taches d’huile, constate Emmanuel Vigneron. On voit bien que les mesures mises en place jusqu’ici, principalement des aides financières à l’installation en territoire sous-dense, sont loin de suffire. »

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