Métiers du numérique : les clichés ont la vie dure

Certains préjugés ne seraient pas étrangers au manque de vocation dans la tech, rapporte une étude menée pour l’École 42. La directrice du campus parisien insiste sur l’accessibilité de ces métiers pour tous.

L’École 42 œuvre pour susciter des vocations dans les métiers de la tech, notamment auprès des jeunes filles et des femmes. LP/D.G.
L’École 42 œuvre pour susciter des vocations dans les métiers de la tech, notamment auprès des jeunes filles et des femmes. LP/D.G.

    Entreprises comme institutionnels le rabâchent : le secteur du numérique manque de candidats et « recrute à plein pot avec 1,75 million de nouveaux emplois à pourvoir en Europe dans les huit prochaines années. » Le gros hic, c’est que dans l’esprit d’une trop grande majorité de Français, ces postes s’adressent à des geeks : des hommes, jeunes, plutôt aisés et bons en maths. Autant d’idées reçues qui limitent le nombre de vocations. C’est ce que rapporte une étude OpinionWay réalisée pour l’École 42 (réalisée du 2 au 3 février 2022 auprès d’un échantillon de 1016 personnes âgées de 18 ans et plus) que nous dévoilons en exclusivité.

    Autant 88 % des personnes interrogées perçoivent les perspectives d’emploi qu’offrent la tech ou l’attractivité des salaires (79 %), autant plus de six personnes sur dix pensent toujours que ces métiers sont accessibles avec un niveau de diplôme important (66 %) et que les formations coûtent cher (70 %). « Dans l’imaginaire collectif, décrypte Sophie Viger, directrice de l’école fondée par Xavier Niel, l’informatique est un univers complexe et à ce titre, onéreuse. » Or, en plus de rappeler la gratuité de l’école 42, implantée dans 5 villes de France, la directrice cite également celle de la Grande école du numérique, un réseau de formations.

    Le vivier des femmes en reconversion

    Quant au niveau de diplôme, Sophie Viger rappelle qu’il n’est nullement nécessaire d’être ingénieur et bac + 5 pour s’autoriser à prendre cette voie. D’ailleurs, elle rappelle que dans son établissement, 31 % des inscrits sont sans diplôme ou niveau bac, 21 % jusqu’à bac + 2. Parmi les 25 % de bac + 5, Sophie Viger souligne qu’il s’agit souvent de personnes en reconversion aux profils parfois très atypiques : de l’ingénieur diplômé dans la reproduction d’arbres à la spécialiste en hiéroglyphes !



    Et c’est bien parce que le numérique attire des personnes en reconversion que ces métiers ne sont nullement réservés aux jeunes, contrairement à une autre idée reçue. C’est pour cela aussi que Sophie Viger a fait sauter la limite d’âge pour rentrer à l’École 42, alors fixée à 30 ans. Avec les femmes en ligne de mire. « Elles représentent un grand réservoir dans la tranche 30-40 ans car elles prennent conscience tard que c’est possible aussi pour elles alors qu’elles ne sont pas bonnes en mathématiques ». « L’informatique, c’est une forme de logique, de bon sens » insiste encore Sophie Viger qui souhaite assurer à la gent féminine que leurs chances sont les mêmes que celles de leurs homologues masculins.