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Réunion
Le Monde d’après AFP

Les cabinets de conseil, une machine installée au cœur de l’Etat

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Publié le 17 mars 2022 à 11h45, modifié le 04 mai 2022 à 17h53

Temps de Lecture 7 min.

Chiffres-chocs, exemples édifiants, critiques sévères… C’est un rapport explosif que publie le Sénat, jeudi 17 mars. Pendant quatre mois, une commission menée par la rapporteuse Eliane Assassi (Parti communiste français) et le président Arnaud Bazin (Les Républicains) a enquêté sur l’emprise massive des cabinets de conseil sur les affaires de l’Etat. Un secret de Polichinelle pour qui connaît les rouages de l’Etat, mais une réalité méconnue du grand public.

Cette commission est une réponse à la polémique sur le rôle de plusieurs de ces entreprises privées dans la gestion de la pandémie de Covid-19. Elle démontre de façon implacable qu’il ne s’agit pas d’un épiphénomène, fruit d’une crise sanitaire exceptionnelle. Les sénateurs, c’est une première, ont pu mesurer l’ampleur du sujet auquel ils se sont attaqués, en exigeant la communication d’éléments jusqu’alors tenus secrets : la liste des contrats passés par les ministères avec les cabinets de conseil et leurs montants. Verdict : l’Etat a dépensé plus de 1 milliard d’euros en 2021 pour ces missions, la moitié en conseil informatique, l’autre en stratégie et organisation.

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Ce chiffrage n’est qu’un minimum : les sénateurs n’ont pas eu accès à l’ensemble des prestations commandées par les nombreuses agences dépendant des ministères. Il est pourtant largement supérieur à celui de 140 millions d’euros par an avancé par la ministre de la transformation et de la fonction publiques, Amélie de Montchalin, lors de son audition, en janvier. Cette dernière affirmait aussi que ces budgets sont restés stables pendant le quinquennat. Faux, rétorquent les sénateurs, qui relèvent au contraire une « explosion des prestations de conseil » qui n’épargne aucun ministère : l’enveloppe a doublé de 2018 à 2021, durant le quinquennat d’Emmanuel Macron.

Les dépenses de conseil à forte dimension stratégique ont presque triplé depuis 2018

Evolution et répartition des dépenses des ministères pour des missions de conseil diverses. En 2021, les missions à forte valeur stratégique représentent un total de 445 millions d'euros.

Distribution des professions de foi électorales, gestion des radars routiers, coaching de hauts fonctionnaires, préparation de la réforme de l’aide juridictionnelle, évaluation de la fiscalité en outre-mer, création d’une « frontière intelligente » avec le Royaume-Uni après le Brexit, « optimisation de la logistique hospitalière »… Véritable inventaire à la Prévert, la liste des 945 missions révélée par la commission d’enquête permet d’apprécier la variété des domaines sur lesquels les cabinets privés appuient l’administration, tantôt stratégiques, liés aux réformes majeures du quinquennat, tantôt périphériques.

« Un phénomène tentaculaire »

Faire appel à des compétences absentes en interne, aller vite, renouveler les points de vue… autant de raisons qui jettent la sphère publique dans les bras des consultants du privé. « Pour réussir sa transformation, l’accompagnement par un cabinet de conseil est presque devenu un “passage obligé” », notent les sénateurs. « Sur les sujets de transformation, il n’y a pas de question : les cabinets de conseils sont meilleurs, tout le temps. C’est notre métier », fanfaronne Matthieu Courtecuisse, président de Syntec Conseil, la fédération du secteur et qui dirige lui-même le cabinet Sia Partners.

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