Quelque 300 propositions, et déjà de premières annonces et de grandes orientations. La clôture des Assises du bois et de la forêt, mercredi 16 mars, a permis aux participants de résumer leurs attentes et au gouvernement de commencer à y répondre. Ces consultations, auxquelles 480 personnes ont pris part, avaient débuté en octobre 2021 sous l’égide de plusieurs ministères (agriculture, biodiversité, industrie et logement). Leur objectif était d’apporter des réponses « concrètes et opérationnelles » pour faire face aux multiples défis auxquels sont confrontées la forêt et la filière bois : leur contribution à l’atteinte de la neutralité carbone, l’adaptation face au dérèglement climatique, la préservation de la biodiversité mais aussi le développement industriel pour mettre sur pied une filière compétitive.
« Ces défis sont de taille mais leur atteinte n’est pas hors de portée », a affirmé le ministre de l’agriculture. Pour y parvenir, Julien Denormandie et la secrétaire d’Etat à la biodiversité, Bérangère Abba, ont annoncé plusieurs mesures. En matière de gouvernance d’abord, la composition du Conseil supérieur de la forêt et du bois sera élargie à des organismes de recherche, des acteurs de la filière et des ONG. Pour disposer de connaissances solides sur l’état des forêts et mieux anticiper les changements à venir, des moyens supplémentaires doivent être accordés à la recherche et un Observatoire national de la forêt, géré par l’Institut national de l’information géographique et forestière (IGN), sera mis en place début 2023.
Surtout, le gouvernement a annoncé vouloir pérenniser les efforts de renouvellement forestier, qui consistent à accompagner financièrement les propriétaires pour les inciter à améliorer la qualité des peuplements jugés à faible valeur économique et environnementale, et à mieux préparer leurs forêts aux conséquences du réchauffement. Le volet forestier du plan France Relance lancé fin 2020 a consacré 150 millions d’euros à ce renouvellement, pour planter environ 50 millions d’arbres en deux ans. A compter de 2024, ce sont 100 à 150 millions d’euros qui devraient y être consacrés chaque année, grâce à une mobilisation de fonds publics et privés. « Cette pérennisation des moyens est une avancée majeure et structurante », a insisté Julien Denormandie.
Un contexte de grande incertitude
Dans un rapport publié mercredi, l’ONG Canopée Forêts vivantes, qui a participé aux assises, critique toutefois le manque d’ambition environnementale du plan lancé en 2020. Elle affirme notamment que les financements publics ont été massivement alloués à des opérations de coupes rases et à la plantation de résineux, en particulier le douglas, même dans des forêts bien portantes. « Notre investigation révèle le décalage entre la communication du gouvernement et la réalité : présenté comme un plan d’adaptation des forêts au changement climatique, ce plan est davantage un plan d’adaptation de la forêt aux besoins de l’industrie », juge Bruno Doucet, chargé de campagnes qui a coordonné ce document.
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