Publicité
Décryptage

Dans les classements mondiaux, une percée des universités françaises qui ne règle pas tout

L'AUDIT DE LA FRANCE. En cinq ans, des universités françaises ont fait un bond dans le célèbre classement de Shanghai. Mais d'autres palmarès montrent le long chemin qu'il reste à parcourir.

Sur le campus de Paris-Saclay (photo d'archive).
Sur le campus de Paris-Saclay (photo d'archive). (Photo Marta Nascimento/REA)

Par Marie-Christine Corbier

Publié le 17 mars 2022 à 08:00Mis à jour le 17 mars 2022 à 13:12

C'est peut-être l'image qui restera du quinquennat en matière d'enseignement supérieur et de recherche. En août 2020, l'université Paris-Saclay faisait une percée dans le classement mondial de Shanghai, en décrochant la 14e place. C'est la première fois, depuis la création du palmarès en 2003, qu'un établissement français figure dans le Top 15 des meilleurs mondiaux. « La qualité de notre enseignement supérieur et de notre recherche est enfin reconnue internationalement à son vrai niveau », se félicitait alors Emmanuel Macron.

« Cela a mis les universités sous les projecteurs, dans un pays où elles sont mal aimées, écrivait sur son blog Jean-Michel Catin, expert de ces questions et contributeur de l'Institut Montaigne. L'opinion [a découvert] que l'université Paris-Saclay, dont le noyau dur est l'ex-université Paris-Sud, brille dans un classement […]. Et elle découvre qu'en plus de PSL , Sorbonne Université et l'université de Paris [rebaptisée « université Paris-Cité »], des universités en région existent - Grenoble (dans le Top 100), Aix-Marseille, Bordeaux , Strasbourg, Montpellier ou encore Nice. »

Dix-sept établissements publics expérimentaux

La mécanique des regroupements et une nouvelle gestion des signatures scientifiques ont porté leurs fruits. Une ordonnance de décembre 2018 avait autorisé l'expérimentation de nouvelles formes de rapprochement, avec la possibilité de déroger à certaines règles. Dix-sept établissements publics expérimentaux sont nés de cette ordonnance, de l'Institut polytechnique de Paris à l'Université PSL, en passant par Paris-Saclay .

Publicité

On n'a pas assez investi dans la santé, dans l'intelligence artificielle, la robotique ou les sciences de la vie.

Louis Vogel

Dans le classement de Shanghai décliné en disciplines, l'université Paris-Saclay a aussi offert à la France une première place en mathématiques . Ce classement prend en compte le nombre de publications scientifiques dans des revues prestigieuses ou le nombre de prix importants en recherche parmi les personnels.

En sciences sociales, la France atteint ses meilleurs résultats en management avec l'Insead (6e), et en économie avec l'université Toulouse-I-Capitole (22e). Entre 2020 et 2021, le nombre d'établissements français classés a augmenté en économie et en sciences biologiques, mais il a chuté en informatique, en ingénierie électrique et électronique ou en chimie.

Des pans de recherche oubliés

« Le plus embêtant, c'est que la France n'est pas présente dans certains domaines, explique Louis Vogel, relais thématique du candidat Macron pour l'enseignement supérieur. On n'a pas assez investi dans la santé, dans l'intelligence artificielle, la robotique ou les sciences de la vie. »

Louis Vogel salue toutefois « l'effort énorme » de la loi de programmation de la recherche. Promulguée en décembre 2020, elle couvre les années 2021 à 2030 et prévoit une augmentation de 5 milliards d'euros du budget consacré à la recherche sur dix ans. En cumul sur cette période, ce sont 25 milliards d'euros supplémentaires qui seront ainsi injectés, se félicite régulièrement la ministre de l'Enseignement supérieur, Frédérique Vidal.

Cette loi, jugée insuffisante et trop tournée vers les organismes de recherche, conduit la plupart des acteurs de l'enseignement supérieur à en réclamer une autre pour un prochain quinquennat, davantage orientée vers la formation et les universités. Celles-ci pâtissent d'un manque criant de moyens , relevait en décembre le Conseil d'analyse économique, un think tank rattaché à Matignon.

Le nouveau « centre de gravité »

Dans un pays qui glorifie davantage ses grandes écoles et ses organismes de recherche, Emmanuel Macron entend, s'il est réélu, renverser la vapeur et faire des universités « le centre de gravité pour la recherche comme pour la formation ». Elles doivent devenir « les piliers de l'excellence », expliquait-il mi-janvier, en évoquant les grands sites universitaires.

« C'est assez cohérent de rapprocher grandes écoles et universités, décrypte Louis Vogel, et de dire que les grandes écoles vont venir sur les campus universitaires. Il faut attirer leurs étudiants vers les laboratoires universitaires. Les grandes écoles, qui sont trop petites et n'ont pas assez de moyens, doivent bénéficier de toutes les structures d'un campus universitaire pour leur donner le seul titre qui compte au niveau international : celui de docteur. »

Publicité

Les étudiants, au coeur des réformes à venir

Au coeur des réformes à venir, il y a les étudiants, insiste-t-il - « la pandémie a montré qu'on ne s'en occupait pas assez ». Un autre classement, le QS World University Rankings, montre le long chemin qu'il reste à parcourir pour les universités françaises.

Dans ce palmarès QS, qui établit des scores en s'appuyant sur la réputation académique, la réputation auprès des employeurs, le ratio du corps enseignant par rapport au nombre d'étudiants et la part d'enseignants internationaux, la France arrive en dixième position derrière les Etats-Unis, le Royaume-Uni, la Chine ou encore l'Allemagne, l'Italie et la Corée du Sud. Sur les 32 universités françaises qui y figuraient en juin 2021, 27 ont vu leur rang baisser, faute d'un nombre suffisant de professeurs par étudiant.

« Ces enquêtes de réputation donnent une image très défavorable de nos universités par rapport aux écoles, regrette Louis Vogel. On n'en a pas suffisamment tenu compte. »

VIDEO. 12 indicateurs essentiels pour comprendre ce qui a vraiment changé en France en 5 ans

Marie-Christine Corbier

MicrosoftTeams-image.png

Nouveau : découvrez nos offres Premium !

Vos responsabilités exigent une attention fine aux événements et rapports de force qui régissent notre monde. Vous avez besoin d’anticiper les grandes tendances pour reconnaitre, au bon moment, les opportunités à saisir et les risques à prévenir.C’est précisément la promesse de nos offres PREMIUM : vous fournir des analyses exclusives et des outils de veille sectorielle pour prendre des décisions éclairées, identifier les signaux faibles et appuyer vos partis pris. N'attendez plus, les décisions les plus déterminantes pour vos succès 2024 se prennent maintenant !
Je découvre les offres

Nos Vidéos

xx0urmq-O.jpg

SNCF : la concurrence peut-elle faire baisser les prix des billets de train ?

xqk50pr-O.jpg

Crise de l’immobilier, climat : la maison individuelle a-t-elle encore un avenir ?

x0xfrvz-O.jpg

Autoroutes : pourquoi le prix des péages augmente ? (et ce n’est pas près de s’arrêter)

Publicité