Paris : Notre café Marais, un bistrot pas comme les autres

Une vingtaine de jeunes autistes font leur apprentissage dans le café de la caserne des Minimes, transformée en résidence de 70 logements sociaux

Laurence Melloul (à gauche) et sa cheffe Nadine. Notre café Marais propose aux jeunes d'un IME de s'intégrer dans la vie active. LP/Philippe Baverel
Laurence Melloul (à gauche) et sa cheffe Nadine. Notre café Marais propose aux jeunes d'un IME de s'intégrer dans la vie active. LP/Philippe Baverel

    Ouvert depuis fin juin 2021 du mardi au vendredi de 8h30 à 16 heures, Notre café Marais a trouvé son public. Avec sa terrasse ouverte sur la cour arborée de la caserne des Minimes (IVe), magnifiquement restaurée et transformée en résidence de 70 logements sociaux, l’endroit est des plus agréables. A l’heure du déjeuner, riverains, commerçants, touristes profitent de la formule à prix doux : 15 euros, entrée-plat-dessert. « Nous faisons parfois une cinquantaine de couverts », indique Laurence Melloul, directrice de ce bistrot pas comme les autres.

    « Les mettre en situation de réussite »

    Egalement directrice de l’Institut médico-éducatif (IME, qui emploie une quarantaine de professionnels du secteur médico-social) situé juste en face, rue Saint-Gilles, cette femme volontaire explique : « Nous avons conçu ce café comme un lieu passerelle pour permettre à la vingtaine d’adolescents autistes âgés de 12 à 20 ans accueillis à l’IME, de développer des compétences paraprofessionnelles. Notre pédagogie, c’est de les mettre en situation de réussite. L’apprentissage en salle comme en cuisine va les aider à s’autodéterminer par l’expérience. Ainsi, ils pourront élargir leur choix d’orientation et construire un CV ». Et d’ajouter : « Ce café est pour eux une façon de se faire une place dans la société ».

    De la préparation des expresso à la plonge, en passant par le service en salle, garçons et filles apprennent ici autant les tâches quotidiennes que les codes du métier. Sous la responsabilité de Nadège Munoz, éducatrice spécialisée, Gabriel, 18 ans, prépare les couverts qu’il enveloppe dans une serviette en papier après que Raphaël les a passés au vinaigre blanc. En cuisine, leurs camarades épluchent des pommes de terre. « Nous confectionnons aussi de petits gratins poires-amandes qui cuisent au four », précise la chef Nadine qui confie : « En partageant mon savoir-faire avec ces jeunes et leur handicap, j’ai l’impression de me rendre utile. Et j’en retire plein de leçons de vie ».

    Une aide de 30 000 euros de la Ville

    Financé par l’Agence régionale de santé (ARS), ce bistrot a bénéficié d’une enveloppe de 30 000 euros allouée par la ville de Paris au titre du budget participatif qui a permis notamment d’acheter les équipements et d’aménager ce local de 90 mètres carrés. « Ce café solidaire est emblématique de la transformation de la caserne des Minimes qui est aussi devenue une cité artisanale où une demi-douzaine d’artisans disposent de leur atelier », se félicite le maire de Paris centre, Ariel Weil (PS).

    Tout en sirotant son expresso (1,50 €) attablée devant son ordinateur, Audrey, Parisienne du XIe venue en voisine, confie : « L’ambiance est conviviale. Et j’apprécie que ma pause café permette de soutenir une noble cause ».