L’Institut d’études politiques de Paris fête son 150e anniversaire en grande pompe, après une année de turbulences intenses marquée par le scandale de l’affaire Duhamel – le politologue, ex-président de la Fondation nationale des sciences politiques, qui finance l’établissement, accusé d’inceste sur son beau-fils (l’affaire a été classée sans suites car prescrite). L’ouverture, le 28 janvier, du nouveau site de la place Saint-Thomas-d’Aquin (7e arrondissement), ancien noviciat de l’ordre dominicain reconverti en armurerie après la Révolution française, lui donne la stature nouvelle d’un campus parisien luxueux. Acheté 93 millions d’euros en 2016, ce nouveau complexe de 14 000 mètres carrés aura permis à l’école de se délester des immeubles dont elle était locataire dans le quartier pour se recentrer sur les deux grands complexes situés de part et d’autre du boulevard Saint-Germain : le site historique de la rue Saint-Guillaume et celui-ci, qui rassemble désormais quatre écoles niveau master, neuf centres de recherche transversaux, la bibliothèque de recherche et la deuxième partie de la bibliothèque générale, ainsi que le tout nouveau McCourt Institute.
L’ancienne armurerie de la place Saint-Thomas-d’Aquin communique, en outre, directement, désormais, avec le 13 de la rue de l’Université, site historique de l’Ecole nationale d’administration (ENA) désormais intégré, lui aussi, à Sciences Po. L’école n’en reste pas moins un archipel, mais le nombre de bâtiments qui le composent est passé de 20 à 12.
A contre-courant de la dynamique à l’œuvre dans l’enseignement supérieur, qui voit les établissements d’enseignement parisiens se relocaliser en périphérie, sur le campus Condorcet (Seine-Saint-Denis) ou à Saclay (Essonne), l’opération visait à doter Science Po d’un campus urbain, de même nature que ceux de la London School of Economics et de New York University. Elle s’inscrit dans la stratégie d’internationalisation de l’école mise en œuvre par Richard Descoing et poursuivie par son successeur, Frédéric Mion, contraint à la démission en février dans le cadre de l’affaire Duhamel.
Prestige historique
Le coût total, 188 millions d’euros, n’est pas modique, mais le résultat est là : l’architecture en pierre du XVIIe siècle, ses trois cours communicantes, les arcades qui rappellent la vocation monacale du lieu, exaltent le prestige historique ultra-parisien de cette fabrique des élites, tandis qu’un nouveau bâtiment lui apporte une dynamique contemporaine.
La maîtrise d’ouvrage a été déléguée au promoteur Sogelym Dixence, qui a travaillé avec un groupement d’architectes réunissant l’agence Wilmotte et associés (mandataire, qui a pris en charge la réhabilitation de l’ancien), l’architecte des monuments historiques Pierre Bortolussi et l’agence Moreau Kusunoki, connue pour avoir été la malheureuse lauréate du concours du Guggenheim Helsinki, musée américain dont les habitants de la ville ont finalement refusé l’implantation.
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