Au lycée, le retour annoncé des maths pour tous
Le rapport Mathiot, remis ce lundi au gouvernement, propose d'ajouter dès septembre prochain 1h30 à 2 heures de mathématiques à l'emploi du temps des lycéens qui n'ont pas pris la spécialité mathématiques en première. A la rentrée 2023, la mesure serait étendue à tous les élèves de première.
C'est le retour annoncé des maths pour tous au lycée. Et c'est d'une certaine manière la mise en oeuvre de la première mesure du programme du candidat Macron avant l'heure. A Poissy, début mars, Emmanuel Macron avait affirmé vouloir « remettre » des mathématiques dans le tronc commun du baccalauréat , après la vive polémique sur l'enseignement de cette matière au lycée entretenue par ses adversaires dans la course à l'Elysée.
Le ministre de l'Education nationale, Jean-Michel Blanquer, va saisir le Conseil supérieur des programmes pour mettre en oeuvre « les changements nécessaires » à compter de la prochaine rentrée scolaire, a indiqué ce lundi le ministère. « L'idée est de permettre que cela se fasse techniquement, si la mesure est mise en place en 2022 », indique-t-on au ministère.
Le rapport du comité de consultation sur cet enseignement, piloté par Pierre Mathiot, inspirateur de la réforme du bac et remis ce lundi au ministre, propose de « reconsidérer » l'actuel enseignement scientifique dispensé en première et de « développer » la culture mathématique de tous les élèves.
Changement de nom
L'actuel enseignement scientifique de première serait rebaptisé en « enseignement scientifique et mathématique ». Au lieu des 2 heures actuelles par semaine, les lycéens de première auraient un enseignement de 3h30 à 4 heures par semaine, avec l'ajout de 1h30 à 2 heures de mathématiques. Cela s'appliquerait dès septembre prochain pour les élèves de première qui n'ont pas pris la spécialité mathématiques.
Ils suivraient un programme de « mathématiques pour tous » avec par exemple des statistiques ou des probabilités, afin de maîtriser les techniques mathématiques de base en fin de première. Le nouvel enseignement serait évalué dans le cadre du contrôle continu de la classe de première et compterait ainsi dans le calcul final du bac.
Le comité a toutefois écarté l'idée d'une épreuve anticipée de mathématiques en fin de première, sur le modèle de ce qui existe en français.
Les propositions du rapport visent à ce que davantage d'élèves choisissent l'option mathématiques complémentaires en terminale, sans être passés par la spécialité de première.
Recruter des enseignants
Pour la rentrée 2023, le nouvel enseignement scientifique et mathématique serait étendu à tous les élèves de première, y compris donc à ceux qui suivent l'enseignement de spécialité. L'idée a toutefois fait débat, au sein du comité, de réserver la partie proprement mathématique de cet enseignement aux seuls élèves non spécialistes, comme pour l'année 2022-2023.
Toutes ces propositions conduiraient à faire évoluer les programmes de mathématiques en seconde et ceux de la spécialité mathématiques en première, pour tenir compte de la présence d'éléments mathématiques dans le nouvel enseignement commun et de la modification du programme de seconde.
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Ce retricotage dans l'urgence de la réforme du lycée, qui conduit à remettre les mathématiques au centre du jeu après avoir tout fait pour éviter les excès de la filière S, pose la question sensible des recrutements.
Pour septembre 2022, il faudra l'équivalent de 450 postes d'enseignants volontaires pour faire des heures supplémentaires. « La mesure est techniquement faisable, compte tenu des souhaits d'heures supplémentaires que les enseignants de mathématiques souhaitent prendre », estime-t-on au ministère.
A compter de 2023, si la montée en puissance se confirme, il en faudrait l'équivalent de 1.000, ce qui supposerait de recruter de nouveaux enseignants, alors que l'Education nationale n'arrive déjà pas à les embaucher en nombre suffisant. Un premier gros chantier pour le futur ministre.
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Un nouvel objectif pour plus de filles
Un autre volet de la polémique sur les mathématiques portait sur la part des filles dans les enseignements scientifiques. Le rapport Mathiot fixe un nouvel objectif pour la rentrée 2024, à savoir qu'elles soient 10.000 de plus à suivre l'option mathématiques expertes en classe de terminale, soit 25.000 à cet horizon.
Marie-Christine Corbier