Après un « méchant Covid » qui l’a conduit jusqu’en salle de réanimation, Olivier Pons a repris du poil de la bête. Atteint d’une sclérose en plaques, ce médecin généraliste est inscrit dans le diplôme d’université (DU) sur le cannabis médical, piloté par les universités de Saclay et de Montpellier, premier en son genre en France. Un intérêt personnel et professionnel pour ce Montpelliérain, qui se documente et écrit depuis plusieurs années sur la relation patient-soignant, sur les compléments alimentaires ou encore sur le rôle de la méditation. Lui en est convaincu : dans certaines situations et avec une prescription individualisée, le cannabis a des effets « spectaculaires pour certaines pathologies ». Il en fait l’expérience sur sa spasticité, l’une des manifestations de sa maladie : « Il y a une nette amélioration, même si ce n’est pas un miracle. » Avec cette formation, il souhaite continuer à améliorer ses connaissances dans ce domaine, dans une perspective de « prise en charge globale ».
Mais encore faudrait-il que la législation évolue. Aujourd’hui, si une dizaine de pays en Europe autorisent l’utilisation du cannabis à des fins thérapeutiques, ce n’est pas le cas de la France (à l’exception d’un médicament pour traiter une forme rare d’épilepsie). Lancé en 2021, ce nouveau diplôme d’université sur le cannabis prend appui sur l’expérimentation lancée il y a un an par le ministère de la santé, et qui pourrait potentiellement déboucher sur une évolution de la loi.
Une expérimentation en cours
Piloté par l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), ce dispositif permet à des médecins « labellisés » de prescrire et de faire délivrer du cannabis en pharmacie à certains patients, dans cinq cas (douleurs neuropathiques, épilepsies sévères, symptômes rebelles en oncologie, soins palliatifs, sclérose en plaques). A ce jour, un peu plus de 1 000 personnes sont entrés dans cette expérimentation – dont la méthodologie, sans double-aveugle, est critiquée par l’Académie de médecine –, des conclusions sont attendues pour 2023. La création de ce diplôme surfe également sur l’autorisation récente de vente, en France, de produits à base de CBD… Et de l’explosion, très visible dans les centres-villes, du nombre de boutiques commercialisant les dérivés de la plante, dans un contexte réglementaire mouvant.
« Il y a une vraie méconnaissance, en France, du rôle thérapeutique du cannabis, de ses effets bénéfiques ou de ses limites », estime Amine Benyamina, psychiatre et addictologue, co-concepteur, avec le neurologue Pierre Labauge, du diplôme. Les multiples études scientifiques réalisées sur ce sujet – en particulier au Canada ou en Israël – ont encore peu d’écho en France. « L’enjeu de ce DU, c’est d’appuyer le développement d’une filière de cannabis thérapeutique française sécurisée, et d’y faire intervenir tous ceux qui ont une connaissance réelle du secteur. »
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