Anissa Omri, 30 ans, a décroché le Graal : l’écriture d’une série pour Netflix. Un emploi, un vrai, qui lui permet de payer son loyer. Une opportunité incroyable pour celle qui, il y a un an à peine, faisait ses débuts dans un milieu qui la faisait rêver, mais où elle ne connaissait personne. Après un master en droit du travail, elle a été employée dans le secteur des ressources humaines, avant d’intégrer, quelques années plus tard, l’école de cinéma Kourtrajmé, avec une formation de trois mois sur le scénario. « Quand je suis sortie, en janvier 2021, j’avais des bonnes bases mais aucune idée de comment j’allais pouvoir vivre de mon travail », explique Anissa Omri, qui fait également du stand-up à Paris.
Son école de cinéma lui suggère d’envoyer un dossier de candidature à la Cité européenne des scénaristes, association fondée en 2018 pour promouvoir la profession et participer à son ouverture à de jeunes talents, qui a inauguré en 2021 son centre de compagnonnage. Anissa tente sa chance et intègre la première promotion en juin dernier. Les dix admis, âgés de 21 à 38 ans, ont été choisis parmi une soixantaine de candidats. Ils sont tous passés au préalable par des formations en écriture audiovisuelle et cinématographique. Pendant sept mois, ils ont bénéficié d’une bourse (entre 300 et 500 euros net par mois), de cours sur le marché du travail appliqué aux scénaristes (A qui pitcher ses idées ? Qu’est-ce que les droits d’auteur ?) et d’une alliance particulière avec un ou une scénariste senior. Ces derniers, rémunérés, ont ouvert leurs projets en cours à leurs futurs confrères et consœurs. Une plongée en accéléré dans la vraie vie.
« Pour un apprenant, côtoyer un professionnel confirmé permet de démythifier l’acte de création, explique Pauline Rocafull, coprésidente de la Cité des scénaristes aux côtés de Thomas Bidegain, connu pour ses collaborations avec le réalisateur Jacques Audiard. Assister à son quotidien, y compris dans les moments plus difficiles comme une énième demande de réécriture ou le refus d’une version, permet de sortir des idées reçues. »
« Prendre confiance »
Parmi les élèves de la première promo d’apprentis scénaristes, Erwan Nosal, 24 ans, a partagé quelques tranches de vie avec Blandine Jet, scénariste de cinéma, et Antoine Rodelet, à la tête du studio Hari, spécialisé dans l’animation. Ses deux bonnes fées ont beaucoup rassuré le jeune homme, passé sur les bancs de Kourtrajmé après quelques mois de fac de cinéma. Lui qui a écrit son premier scénario à l’âge de 13 ans s’est nourri de ces échanges. « J’ai beaucoup appris en travaillant avec des gens que j’admirais, analyse-t-il. Quand j’ai réalisé qu’eux aussi avaient parfois dû s’accrocher et persévérer, ça m’a aidé à prendre confiance. »
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