Angela Davis, les sœurs Nardal... : à Bagnolet, des salles du lycée Eugène-Hénaff prennent le nom de figures engagées

Les élèves du lycée Eugène-Hénaff ont voté pour renommer cinq salles du lycée en l’honneur de personnes méconnues et/ou issues de la diversité, qui ont marqué l’histoire, dans le cadre de la Semaine d’éducation et d’actions contre le racisme et l’antisémitisme.

Bagnolet, ce mardi. Des élèves du lycée Eugène-Hénaff ont renommé des salles de l'établissement à l'occasion de la Semaine d'éducation et d'actions contre le racisme et l'antisémitisme. LP/H.H.
Bagnolet, ce mardi. Des élèves du lycée Eugène-Hénaff ont renommé des salles de l'établissement à l'occasion de la Semaine d'éducation et d'actions contre le racisme et l'antisémitisme. LP/H.H.

    Devant la salle d’étude et de travail du lycée Eugène-Hénaff de Bagnolet, le visage de Paulette Nardal accueille désormais les élèves. La biographie de cette intellectuelle martiniquaise, figure méconnue de la négritude, et de sa sœur Jeanne a été accrochée près de la porte par des lycéens, afin de rendre hommage à ces deux femmes qui furent également les premières étudiantes noires de l’université parisienne de la Sorbonne.

    Ce mardi midi, à l’occasion de la Semaine d’éducation et d’actions contre le racisme et l’antisémitisme, l’établissement a renommé cinq salles dans le cadre d’un travail mené avec l’association SOS Racisme. « On intervient dans de nombreux lycées et au début de l’année scolaire, on a voulu travailler avec le conseil des délégués pour la vie lycéenne d’Hénaff sur ce projet, pour rendre hommage à des personnes méconnues ou auxquelles ils s’identifient », explique Julie Mauve, chargée d’éducation à SOS Racisme.

    « Au départ, on avait prévu de renommer toutes les salles du lycée mais on en a finalement gardé cinq car c’était beaucoup trop de travail », précise Aurore, une élève de terminale qui a géré le projet. Deux portent désormais des noms de mouvement et trois autres de personnalités. « Pour chaque salle, on a proposé aux élèves plusieurs propositions, puis ils ont pu voter sur Pronote (un logiciel scolaire). 380 personnes ont participé », détaille-t-elle.

    Le « Panthéon des oubliés » s’est déplacé au lycée

    La salle polyvalente est devenue celle des « Communardes », en référence aux femmes qui ont participé à la Commune de Paris, l’insurrection parisienne de 1871. Le centre de documentation et d’information a pris le nom plus connu de la militante afro-américaine des droits civiques Angela Davis. Le foyer des élèves s’est transformé en « Black Panther », en référence au célèbre mouvement révolutionnaire afro-américain fondé en 1966. L’infirmerie, enfin, rend hommage à Virginia Henderson, une infirmière américaine (1897-1996) qui a mis au point les 14 principes fondamentaux des soins infirmiers.

    « Pour cette femme, on n’a pas voté, c’est l’infirmière du lycée qui l’a choisie », expliquent Ephraïm et Rachel, deux élèves de seconde, qui ont travaillé sur le projet en rédigeant notamment une partie des biographies affichées devant les salles de classe. « J’ai trouvé cette idée très novatrice car elle permet de mettre en avant des figures ou des mouvements, qui ne sont pas forcément mis en valeur dans les livres d’histoire et de leur rendre justice », estime Rachel.

    Ce mardi, les élèves ont également pu découvrir la statue du « Panthéon des oubliés », qui a pris place, pour la journée, dans le hall d’entrée du lycée. Cette sculpture, imaginée par SOS Racisme, rend hommage à une centaine de figures oubliées de l’histoire, dont les sœurs Nardal. Sur son écran numérique, qui fait office de tête à l’œuvre, sont affichés à tour de rôle une centaine de visages de personnes s’étant notamment battues contre le racisme ou le colonialisme.