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Décryptage

Orientation, sélection, réussite : les bons points et les limites de Parcoursup

Les lycéens ont jusqu'à ce mardi pour formuler leurs voeux dans Parcoursup. L'occasion, en cette fin de quinquennat, de dresser le bilan d'une plateforme perçue comme « claire et fiable », mais aussi stressante et peu juste.

En 2021, près d'un bachelier sur deux (48,3 %) avait fait le choix d'une licence universitaire.
En 2021, près d'un bachelier sur deux (48,3 %) avait fait le choix d'une licence universitaire. (ALLILI MOURAD/SIPA)

Par Marie-Christine Corbier

Publié le 29 mars 2022 à 10:00Mis à jour le 31 mars 2022 à 17:56

« Formidable », mais pas suffisant . C'est Emmanuel Macron qui, mi-janvier, tirait le bilan de Parcoursup devant les présidents d'université. La plateforme d'affectation dans l'enseignement supérieur a succédé à APB en 2018, très contesté en raison du tirage au sort qui départageait les candidats à des filières non sélectives lorsque le nombre de candidatures était supérieur au nombre de places disponibles.

Parcoursup a bouleversé l'accès à l'université , avec une procédure qui se concentre sur l'examen du dossier scolaire des candidats.

Selon un sondage Ipsos de septembre 2020 commandé par le ministère de l'Enseignement supérieur, la plateforme Parcoursup est perçue comme étant « claire et fiable » mais aussi « stressante » et peu juste. Pourquoi ? Les critères de classement des commissions d'examen des voeux sont « peu transparents », leur fonctionnement est « nébuleux », expliquait la Cour des comptes en 2020.

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Une procédure « hautement automatisée »

L'outil d'aide à la décision intégré à Parcoursup , ce tableur qui dresse le classement des candidatures, rend la procédure de classement « hautement automatisée » avec « peu d'interventions manuelles », indiquait le rapport.

Mais il y a une autre raison : « Toutes les formations n'ont pas le même degré de compréhension de la réforme », ajoutait, le mois dernier, l'Inspection générale de l'Education nationale , expliquant que certaines formations confondent les enseignements de spécialité suivis au lycée et les options… Ou classent les dossiers à partir de critères non connus des élèves et de leurs familles.

Quand amélioration rime avec sélection

La mise en place de Parcoursup devait améliorer la réussite en licence par le biais de l'orientation . L'exécutif expliquait alors qu'une plus grande information des lycéens sur les filières du supérieur permettrait d' améliorer leur réussite aux examens , puisqu'ils choisiraient les formations les plus adaptées.

Selon une étude du ministère de l'Enseignement supérieur, fin 2020, le taux de réussite en licence en trois ou quatre ans s'élevait à 43,6 % pour la session 2020 (52,3 % pour les titulaires d'un bac général), soit une hausse de 1,4 point par rapport à 2019. Mais l'amélioration - relative - des résultats est aussi, « dans beaucoup de filières, liée au fait que les formations peuvent sélectionner », admet un fin connaisseur du sujet : « Quand le nombre de candidats est largement supérieur au nombre d'admis, la sélection augmente les taux de réussite, il n'y a pas de secret. »

La délicate distinction entre filières

Parcoursup pose aussi la question du maintien de la distinction entre filières sélectives et non sélectives. Théoriquement, les classes préparatoires, les BTS, les IUT et d'autres formations post-bac sont sélectives, alors que les licences universitaires ne le sont pas. Mais dans la réalité, la frontière est bien plus floue entre un IUT théoriquement sélectif qui attire peu et une filière universitaire très demandée où la sélection se fera par le manque de places.

Quant aux jeunes qui vont à l'université sans avoir les prérequis, les dispositifs de remise à niveau ne règlent pas tout. La crise sanitaire a brouillé les pistes quant à l'effet des dispositifs d'accompagnement sur la réussite des étudiants.

De nombreux bacheliers entrent à l'université car « le bac demeure le passeport d'entrée dans l'enseignement supérieur », mais n'ont « en réalité aucun projet établi » ou « sont en attente de réorientation », affirmait la Cour des comptes. Or, ces jeunes bacheliers s'orientent souvent vers des licences universitaires qui sont aussi les formations les plus mal loties en termes d'encadrement des étudiants , comme l'a pointé le Conseil d'analyse économique.

« Le chantier majeur demeure la capacité [des universités] à définir librement le profil de leurs étudiants », estimait l'Institut Montaigne, dans un rapport publié l'été dernier, rappelant qu'en Allemagne ou en Italie, « la sélection se fait pendant le secondaire, avec une orientation précoce vers des formations techniques ».

« Regarder en face le formidable gâchis »

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Les étudiants sont seulement 50 % à se présenter aux examens de première année, s'indignait en janvier Emmanuel Macron, fragilisant le bilan de la ministre de l'Enseignement supérieur, Frédérique Vidal. Il appelait à « regarder en face » la « réalité » de « la première année universitaire » et de son « formidable gâchis », « intolérable ».

Pour y remédier, l'orientation doit commencer beaucoup plus tôt, et être repensée dès le collège, selon Emmanuel Macron - il ne faut pas que ce soit « un choix soudain où on laisse parfois des familles bien démunies quand il s'agit de rentrer dans l'application [Parcoursup] et d'apporter ses choix ».

Derrière ce « travail d'orientation », le président-candidat entend aussi faire en sorte, s'il est élu, « que la logique de l'offre prenne le pas sur la logique de la demande », et que l'orientation évolue « pour mieux répondre aux besoins des métiers de la nation et pour donner toutes leurs chances d'insertion aux étudiants ». D'autres, de Yannick Jadot à Jean-Luc Mélenchon en passant par Anne Hidalgo, réclament la suppression ou la refonte en profondeur de Parcoursup.

Marie-Christine Corbier

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