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Virginie Delalande, la voix des sourds

L’ex-avocate s’est battue toute sa vie pour dépasser sa surdité profonde de naissance. Aujourd’hui conférencière et coach, elle veut changer le regard de la société sur le handicap.

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Publié le 29 mars 2022 à 08h00

Temps de Lecture 3 min.

Virginie Delalande à Annecy, en 2020.

En ce mois de mars, les masques disparaissent peu à peu des visages et ce n’est pas Virginie Delalande qui s’en plaindra. « C’était l’enfer… », souffle la conférencière et coach de 41 ans, élégante blonde aux yeux bleus, sourde profonde de naissance. Pour elle qui doit le plus souvent lire sur les lèvres, l’épidémie de Covid-19 n’a fait que compliquer cette situation de handicap invisible, déjà difficile à vivre en temps normal. « Cela nous oblige à nous justifier en permanence et à subir le manque d’écoute et d’humanité de la société », regrette-t-elle.

Des difficultés auxquelles l’ex-avocate a été violemment confrontée par le passé, alors qu’elle évoluait dans le monde de l’entreprise. « Je sentais que certaines personnes avaient des réticences à travailler avec des gens issus de la diversité », se souvient-elle. Après plusieurs années au service juridique d’AxA, Virginie Delalande a quitté la profession et s’est lancée dans le coaching en 2019. Depuis, l’Annécienne enchaîne les conférences et n’a plus peur d’être dans la lumière : elle participe au concours d’éloquence « Le Grand Oral » sur France 2 ou est invitée sur les plateaux télé pour parler de son livre autobiographique Abandonner ? Jamais ! (Kawa), paru en 2020. Cette même année, le magazine Forbes la nomme parmi les 40 femmes les plus inspirantes en France. « Au départ, cette notoriété m’a effrayée, confie-t-elle. Mais la société a besoin de figures de proue. Je l’ai fait pour la petite fille que j’étais. »

Dès son plus jeune âge, les médecins avaient condamné la native de Lyon à ne pouvoir ni parler, ni lire, ni écrire. « Mes parents voulaient que je puisse m’intégrer dans la société et que je sois autonome. Ça passait par la parole », raronte-t-elle, en expliquant que sa diction s’accompagne d’un « accent particulier ». Pendant vingt ans, trois fois par semaine, la jeune fille suit des séances d’orthophonie. En parallèle, elle apprend la lecture labiale. « Quelques copines à l’école s’y sont mises aussi, ce qui nous permettait de tricher en contrôle sans se faire prendre », plaisante-t-elle. Car Virginie Delalande a suivi un parcours scolaire classique, aidée en classe par un accompagnant d’élèves en situation de handicap (AESH).

Chemin de croix

Malgré tout, sa surdité l’empêche de se projeter pleinement dans une vie d’adulte épanouie. « On n’arrêtait pas de me répéter de me diriger vers un métier manuel », se souvient celle qui est aujourd’hui mère de deux enfants, sourds également. Déterminée, elle se tourne finalement vers le droit et rejoint l’université d’Assas, à Paris. Un vrai chemin de croix : « Je ne connaissais personne et les professeurs refusaient de me passer leurs leçons. Comment prendre des notes en lisant sur les lèvres pendant un cours magistral avec du vocabulaire technique ? » L’entraide étudiante lui permet de se hisser jusqu’au barreau de Paris. Une fois avocate, la jeune femme décide cependant de ne pas plaider, de peur de desservir ses clients. « Avec le recul, je me dis que j’aurais pu le faire et que j’aurais été une super avocate », confie-t-elle.

Aujourd’hui, c’est sur d’autres terrains qu’elle a décidé de plaider des causes. A travers son entreprise Handicapower, fondée en 2019, Virginie Delalande se bat pour que les mentalités évoluent. Ses conférences et ses coachings évoquent aussi bien la confiance en soi que l’acceptation de la diversité dans les entreprises. Et ses discours s’adressent à tous les publics : personnes en situation de handicap ou non, chefs d’entreprise ou particuliers, en version française ou même anglaise. Afin qu’à l’avenir, son brillant parcours professionnel ne soit plus une exception.

Cet article a été réalisé dans le cadre de la 3e édition de l’Université du Réseau des référents handicap, en partenariat avec l’Agefiph.

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