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La Fondation Bettencourt-Schueller, fidèle aux métiers d'art

Annulées ces deux dernières années, les Journées européennes des métiers d'art se tiennent de nouveau sur tout le territoire depuis le 28 mars et jusqu'au 3 avril. La Fondation Bettencourt-Schueller en est un important financeur.

L'Atelier de Karl Mazlo est lauréat 2021 du Prix Liliane Bettencourt pour l'Intelligence de la Main.
L'Atelier de Karl Mazlo est lauréat 2021 du Prix Liliane Bettencourt pour l'Intelligence de la Main. (Sophie Zénon pour la Fondation Bettencourt Schueller)

Par Martine Robert

Publié le 31 mars 2022 à 09:58Mis à jour le 31 mars 2022 à 17:02

Vingt ans ! Depuis 2002, la Fondation Bettencourt- Schueller aide l'Institut national des métiers d'art à promouvoir ce secteur très lié à l'art de vivre français. Elle a contribué à la création des Journées européennes des métiers d'art qui se tiennent cette semaine. Dotées d'un budget de 900.000 à 1 million d'euros, ces « Jema » ne sont financées qu'à 50 % par des subventions.

« Les artisans d'art travaillent souvent dans l'ombre. Ce grand rendez-vous du printemps est l'occasion pour le public, et en particulier pour les jeunes, de découvrir le mystère de leurs ateliers, leur créativité et leur réalité économique », souligne Olivier Brault, directeur général de la fondation.

Pénurie de candidats

Et justement, les entreprises du luxe, importants employeurs de ces artisans , sont en pénurie de candidats, malgré leurs efforts pour les séduire, depuis les écoles mises en place par Van Cleef et Hermès aux résidences de Cartier ou LVMH. « Nous avons 20.000 postes à pourvoir dans l'industrie du luxe, un niveau jamais atteint. La génération née dans les années 1960 va partir à la retraite dans les cinq à dix ans et doit transmettre maintenant son savoir », précise Bénédicte Epinay, déléguée générale du Comité Colbert, qui regroupe 90 maisons de luxe et 17 institutions culturelles.

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L'artisan joaillier participe aux Jema 2022

L'artisan joaillier participe aux Jema 2022Sophie Zénon pour la Fondation Bettencourt Schueller

Si les adultes en reconversion se tournent volontiers vers les métiers d'art, ce n'est pas le cas des 15-17 ans, que ce soit par manque de lisibilité des formations ou par crainte des parents. Face à l'urgence, le Comité Colbert participe pour la première fois aux Jema. Il a monté une exposition en partenariat avec le Mobilier national et le Campus des métiers d'art et du design à la Galerie des Gobelins, avec des démonstrations de Christofle, Pierre Frey, Berluti, Saint-Louis, Sèvres, et lancé « A la découverte des métiers d'art » avec l'Inma, pour convier des collégiens à visiter les ateliers des maisons de luxe et les établissements de formation, dans leurs régions.

6.000 événements en France

Au total, les Jema proposent 6.000 événements, qualifiés de « Rendez-vous d'exception ». La Fondation Bettencourt-Schueller, mécène des métiers d'art et de la restauration de Notre-Dame de Paris, met elle-même en avant plusieurs métiers indispensables à la restauration de la cathédrale, via des vidéos (facteur d'orgues, restaurateur de peintures, serrurier d'art, dinandier). Elle soutient également le Village des métiers d'art du chantier de Notre-Dame organisé par l'établissement public chargé de la restauration de la cathédrale, le 2 avril, au Collège des Bernardins à Paris. Les Jema essaiment également dans une quinzaine de pays européens, présentant une multitude d'héritages précieux.

Avec 281 métiers recensés , les métiers d'art représentent dans l'Hexagone près de 60.000 entreprises et 150.000 emplois. Ils ont généré un chiffre d'affaires de 19 milliards d'euros en 2019, dont 8 à l'exportation. « En vingt ans, le regard a changé sur ce secteur, qui n'est plus perçu comme passéiste mais comme novateur, même s'il s'inscrit dans la transmission de savoir-faire ancestraux. Très bien formés, ces artistes-entrepreneurs qui ont su prendre le tournant digital, ou celui des nouveaux matériaux, réinterprètent les codes de leur temps », estime Olivier Brault.

S'ouvrir à d'autres cultures

Mais si le luxe fait rayonner certains métiers d'art, il ne s'intéresse pas à tous, constate ce dernier. « Alors c'est notre rôle de mécène de faire en sorte que tous ces savoir-faire sans distinction perdurent », observe-t-il. La fondation a ainsi créé, il y a vingt-trois ans, un Prix de l'intelligence de la main pour apporter un coup de projecteur, à travers une exposition annuelle (au Palais de Tokyo, à la Fiac, chez Christie's…) insérée dans les parcours des collectionneurs. Son Prix Dialogues rapproche, lui, artisans et designers pour accroître les débouchés. Enfin, certains lauréats ont l'opportunité de se confronter à d'autres cultures et marchés, grâce au partenariat conclu avec la Villa Kujoyama au Japon, depuis six-sept ans, et avec la Villa Albertine aux Etats-Unis, depuis six mois.

Alors que l'Inma a vu ses subventions diminuer fortement, la fondation, avec son mécénat de 3 à 5 millions d'euros par an, consolide tout l'écosystème du secteur.

Martine Robert

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