Coworking et économie solidaire : les nouveaux atouts de Poitiers
L'agglomération poitevine recense près d'une vingtaine de tiers-lieux, dont Les Usines sont le plus emblématique. L'ambition est de se développer sur le créneau de l'économie sociale et solidaire qui représente déjà un millier d'entreprises.
Par Frank Niedercorn
Les Usines. Né en 2012 dans une ancienne filature, c'est le plus ancien et le plus emblématique des tiers-lieux de l'agglomération de Poitiers, à Ligugé dans la vallée verdoyante du Clain.
C'est aussi l'un des plus dynamiques avec une trentaine de structures accueillies comme une brasserie, un tailleur de pierres, un fabricant d'instruments anciens, un ferronnier d'art… mais également des associations. Au total, environ 50 personnes employées pour un chiffre d'affaires de 2,5 millions d'euros.
Des machines pour tout le monde
Consortium Coopérative fait partie des entreprises hébergées. Il s'agit d'une coopérative d'activité et d'emploi (CAE), structure née de la loi sur l'économie sociale et solidaire (ESS) de 2014 qui accompagne les néoentrepreneurs en leur proposant une alternative au statut d'autoentrepreneur ou de microentreprise.
On en recense 150 en France, dont une quinzaine en Nouvelle-Aquitaine et quatre à Poitiers. Tandis que Consortium Coopérative s'est spécialisé dans les métiers de la culture, une autre est plus généraliste, une troisième s'intéresse aux emplois à la personne et la dernière se focalise sur ceux du bâtiment.
Charlélie Flamant, jeune designer récemment installé à Poitiers après des études aux Beaux-Arts d'Orléans et à la Design Academy d'Eindhoven, aux Pays-Bas, a frappé à sa porte en arrivant : « On est formé au b.a. -ba de la vie d'entrepreneur, mais l'on bénéficie surtout des compétences d'autres entrepreneurs. » S'il a installé son agence en centre-ville, il vient régulièrement travailler au sein du vaste « laboratoire de fabrication », le Fablab, installé aux Usines. Celui-ci lui « permet d'utiliser des machines perfectionnées auxquelles il n'a pas accès ».
« Manufacture de proximité »
Les Usines ont répondu à plusieurs appels à manifestation d'intérêt de la part de l'Etat. L'un d'eux « Manufactures de proximité » a l'ambition de « soutenir les artisans et les petits entrepreneurs en s'appuyant notamment sur le Fablab afin de mutualiser les outils de production », précise Denis Meunier, l'un des cofondateurs des Usines.
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L'agglomération de Poitiers place désormais le secteur de l'économie sociale et solidaire tout en haut de son agenda avec le vote fin 2021 « d'une feuille de route » visant à promouvoir plus activement l'économie sociale et solidaire. Un secteur devenu très dynamique, qui regroupe déjà un millier d'entreprises sur l'agglomération de 200.000 habitants et pèse 11 % des emplois.
« Le territoire est déjà très fertile et il s'agit de le valoriser en faisant diffuser ces valeurs de l'économie sociale et solidaire. A chaque fois que nous lançons une politique publique qu'il s'agisse d'habitat, de transport ou d'économie, nous devons nous interroger pour savoir comment engager une collaboration avec ces acteurs de l'ESS », résume Caroline Artero-Rousselot, directrice développement et rayonnement de la collectivité.
Ambitions communes
La communauté urbaine vient ainsi de clore un appel à manifestation d'intérêt pour soutenir les tiers-lieux. Avant même ce programme, l'agglomération était déjà très bien pourvue avec 18 tiers-lieux. Un atout parmi d'autres qui lui permettait de se classer en tête des villes moyennes depuis lesquelles il fait bon travailler à distance dans le palmarès publié par « Le Parisien », le 9 février 2022.
Dans deux ans, le vingtième devrait voir le jour dans l'ancienne caserne de Pompiers de Pont-Achard, qui va bénéficier d'une rénovation de 6,1 millions d'euros, afin d'accueillir de nouvelles activités liées à la culture, à l'hébergement, à la restauration et à la création d'entreprises.
Les tiers-lieux emblématiques (Les Usines, Cobalt et la Technopole Grand Poitiers) ont, eux aussi, des ambitions et font cause commune à travers leur projet baptisé « Embarcadère », qu'ils espèrent voir retenu par l'Etat dans le cadre du programme Fabriques de territoire. « L'objectif sera d'accompagner des porteurs de projets à l'échelle de la Vienne », précise Denis Meunier.
Franck Niedercorn