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L’Union européenne et la formation professionnelle : des objectifs ambitieux et des chantiers complexes

L’Union européenne développe et finance diverses initiatives en matière de formation professionnelle continue. Elle s’attelle à des chantiers complexes, tels que la mobilité européenne des apprentis ou la reconnaissance des certifications utilisées dans le monde du travail.

Atteindre 60% d’adultes formés chaque année d’ici à 2030, adapter les compétences aux besoins du marché du travail… ces ambitions portées par l’Union européenne en matière de formation professionnelle se traduisent de trois manières : en émettant des recommandations sur les politiques des États membres, par des programmes et financements européens (Erasmus +, fonds social européen…), ainsi que par des outils propres à l’UE qui visent à mieux anticiper l’évolution des compétences, comme l’a souligné Vincent Joseph, chargé de mission Europe et international à Centre Inffo, à l’occasion d’un webinaire organisé le 29 mars.

Le chantier complexe de la mobilité longue des apprentis

Si certains programmes sont établis de longue date – les premiers appels à propositions relevant du programme FSE + entre 2021 et 2023 devant être publiés "incessamment sous peu", selon Vincent Joseph –, l’Union européenne s’attelle à de nouveaux chantiers ambitieux. C’est le cas de la mobilité européenne des apprentis dite "de long terme", dépassant les six mois. Celle-ci est encore peu courante. "Les étudiants les plus mobiles sont ceux qui sont dans une filière scolaire", a constaté Lisa Rustico, experte de l’apprentissage au Centre européen pour le développement de la formation professionnelle (Cedefop), qui a publié deux rapports sur ce sujet en 2021. Faire son apprentissage dans un pays étranger se heurte à la réticence des employeurs, qui craignent des départs de leurs apprentis ainsi qu’une moindre disponibilité sur le poste du travail. S’y ajoute une absence d’harmonisation européenne du statut des apprentis, considérés comme des étudiants ou des employés selon les cas. De quoi compliquer l’organisation de mobilités européennes sur le plan juridique.

Comparer les certifications professionnelles

Au niveau de la formation tout au long de la vie, les défis sont également de taille. En 2009, une recommandation relative au "système européen de crédits d’apprentissage pour l’enseignement et la formation professionnelle" a été adoptée. Son objectif : mettre en place l’équivalent, en matière de formation continue, des "crédits ECTS" en vigueur dans l’enseignement supérieur pour faciliter la reconnaissance des certifications professionnelles d’un pays à l’autre. Sa mise en œuvre s’est révélée inégale selon les pays.
La Commission européenne continue cependant de travailler sur le dossier, à travers le cadre européen des certifications qui invite les États membres à les définir selon leur niveau (de 1 à 8). "La Commission européenne étudie des instruments de comparaison des certifications qui ont des niveaux comparables d’un État à l’autre", a indiqué Brigitte Bouquet, experte internationale pour les certifications de France Compétences. Œuvrant à la reconnaissance des diplômes étrangers, les centres Enic/Naric (European Network of Information Centres – National Academic Recognition Information Centres) travaillent de plus en plus sur les certifications relevant du champ de la formation professionnelle.