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Cinquante ans après son ouverture aux femmes, Polytechnique reste un bastion masculin

Dans cette grande école qui mène nombre de ses élèves au sommet du pouvoir, 83 % des étudiants sont des hommes. L’établissement, ouvert aux femmes depuis 1972, s’inquiète de l’impact de la réforme Blanquer sur l’appétence pour les maths chez les filles.

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Publié le 11 avril 2022 à 17h30, modifié le 12 avril 2022 à 08h41

Temps de Lecture 5 min.

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Anne Chopinet s’avance en tailleur sur l’estrade, et l’on reconnaît, malgré le passage du temps, le sourire pétillant de ses 18 ans. C’était en 1972 : la jeune étudiante venait d’être admise à l’Ecole polytechnique (X) pour la première année de l’ouverture aux femmes de cette école d’ingénieurs. Stupéfaction : elle était aussi le major d’entrée de la promotion. « Je suis devenue un monument historique vivant », ironise-t-elle face à une quarantaine de polytechniciennes, venues célébrer cet anniversaire dans leur ancienne école, jeudi 31 mars, sur le plateau de Saclay, dans l’Essonne.

Il est loin le temps de cette archive de l’ORTF ressurgie sur Internet, dans laquelle un journaliste demande à Anne Chopinet si elle n’a pas peur « qu’on la prenne pour un monstre », si elle est « normale », a le temps de s’occuper d’elle ou de « courir les magasins ». Ou de ces articles de presse qui détaillaient la tenue vestimentaire de ces sept « représentantes du sexe faible » admises chez les militaires. « Des garçons nous disaient qu’on prenait la place des autres, que nous étions là pour trouver un mari, et que, de toute façon, notre diplôme n’allait servir à rien, car nous allions nous arrêter de travailler au moment d’avoir des enfants ! Et ce n’est pas ce qui s’est passé », s’amuse Michèle Cyna, de la promotion X 1976. Avant d’ajouter, malicieuse, « mais, dans ma promo, certains sont devenus prêtres ».

Un demi-siècle plus tard, les temps ont changé et, aujourd’hui, Eulalie Chabert, X 2020, est fière de faire partie de la « première promotion en pantalon ». Mais force est de constater que le bilan reste mauvais. La promotion 2021 ne compte que 17 % de femmes – un chiffre qui correspond à la moyenne de ces dix dernières années – contre 28 % dans l’ensemble des écoles d’ingénieurs.

« C’est désespérant », soupire Claude Le Quéré (X 2000), venue pour l’occasion. « On s’étonne du manque de parité dans les instances dirigeantes des grandes entreprises, mais comment les choses pourraient-elles évoluer si l’on reste à 17 % ? Si l’on ne change rien, dans trente ans, ce sera pareil », prévient Eulalie Chabert, 21 ans. Au sein de l’école, elle regrette un « climat général où les filles se sentent souvent oppressées et où il faut sans cesse être vigilants pour éviter certaines remarques ou comportements ». Elle mène, à travers son association, des actions pour sensibiliser les garçons aux violences sexistes et sexuelles, « très fréquentes entre étudiants, notamment pendant les soirées », relate-t-elle.

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