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Enquête

Rémunération des artistes: marre de vivre d’amour de l’art et d’eau fraîche

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Face aux promesses de rémunération en «visibilité», une nouvelle génération d’artistes plus politisés se mobilisent contre la précarité de leur métier et tentent de faire évoluer leur statut.
par Claire Moulène et Kévin Neufchatel
publié le 7 avril 2022 à 18h32

Quelques mois avant la pandémie, la jeune artiste Fanny Lallart saisissait l’occasion de son mémoire de fin d’études à l’école des beaux-arts de Cergy pour produire «11 textes sur le travail gratuit, l’art et l’amour», savoureux étalage des tabous liés à la question de la rémunération dans le champ de l’art et des aberrations sacrificielles, type travail gratuit, commises au nom de «l’amour de l’art». En parallèle l’artiste-curatrice transforma une supérette du centre-ville de Lyon en artist run space. Au même moment, un syndicat d’étudiants en art et design au patronyme tranchant – le Massicot – voyait le jour, tandis que sur les ondes de DUUU, web radio très suivie dans le milieu de l’art, l’émission «ForTune» conçue par l’artiste Eva Barto et la commissaire d’exposition et critique Estelle Nabeyrat, décalquait les tenants et aboutissants du monde de l’art sur les logiques du monde de travail en proposant ce type d’équation : «Quand je travaille pour Uber Eats, je gagne plus qu’avec Manifesta» – l’une des grandes manifestations internationales de l’art contemporain.

Passé l’humour cinglant des propositions, celles-ci rappellent un fait assez peu connu, bien loin du fantasme qui accompagne généralement l’art contemporain, écrasé par les figures surplombantes du marché : c’est sous le signe d’une grande précarité que vivent aujourd’hui une très large majorité des plasticiens et des auteurs en France. La réalité brutale du secteur, qui a vu le nombre des plastici

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