À la découverte des Prépas Talents

Morad Hajji, étudiant et sa tutrice Agathe Vaes à l'IGAP de Montpellier. Janvier 2022 ©Radio France - Alexandre Descops
Morad Hajji, étudiant et sa tutrice Agathe Vaes à l'IGAP de Montpellier. Janvier 2022 ©Radio France - Alexandre Descops
Morad Hajji, étudiant et sa tutrice Agathe Vaes à l'IGAP de Montpellier. Janvier 2022 ©Radio France - Alexandre Descops
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Après la suppression de l’ENA, remplacée par l'INSP, l'Institut National du Service Public, comment diversifier les profils de l’administration française ? C’est tout l’enjeu des Prépas Talents, mis en place il y a tout juste un an, sous l’impulsion d’Emmanuel Macron.

Les premiers étudiants qui profitent de ce dispositif qui comprend actuellement 1 200 places réparties dans 74 Prépas Talents sur l'ensemble du territoire ont effectué leur rentrée en septembre 2021.

Il s'agit de permettre aux étudiants boursiers issus des quartiers populaires, aux ruraux, de mieux se préparer aux concours de la fonction publique. Tel que les IRA, instituts régionaux d’administration, ou de la DGFIP, la direction générale des finances publics.

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Afin de mieux comprendre leur fonctionnement et ce qu’elles peuvent apporter à ces étudiants, Hakim Kasmi est allé à leur rencontre à l’ IPAG, l’Institut de Préparation de l’Administration Générale de Montpellier.

Institut de Préparation de l'Administration Générale de Montpellier. Février 2022
Institut de Préparation de l'Administration Générale de Montpellier. Février 2022
© Radio France - Alexandre Descorps

Dans cet Institut de Préparation à l’Administration Générale de Montpellier, une quinzaine d’étudiants issus de la Prépa Talent se préparent aux oraux pour intégrer la direction générale des finances publiques. Ce jour-là, pour les entrainer, un jury fictif composé d’une de leur professeure ainsi qu'une fonctionnaire de l’administration territoriale. L’objectif étant d’être le plus proche de la réalité. L’entretien est sans concession, quitte à pousser les étudiants dans leur retranchement.

Cela ne dérange pas Alicia Arbouche qui, à 21 ans, prépare l’oral d’inspecteur des impôts. Car la jeune femme sait qu’elle doit encore progresser :

Il est vrai que ce n’est pas facile. Mais comme nos enseignants nous le disent, "Ce n’est pas notre personnalité qui est jugée. C’est ce qu’on dégage, ce que l’on renvoie". Ce qui nous motive à progresser même si les mots sont parfois durs. Parce que l’objectif est malgré tout d’être lauréat au concours.

Alors, pour mettre toutes leurs chances de leur côté à l’oral, leurs enseignants travaillent avec eux la culture générale mais aussi les codes, au niveau de l’expression comme pour la posture qu’ils devront avoir en se présentant devant le jury.

Anne David est professeur de culture générale à l’IPAG :

Ce que l’on attend, c’est d’abord une expression correcte. Il faut par conséquent écarter des formules, des façons de parler qui ne vont pas. Nous attendons également d’eux, et c’est parfois très difficile pour certains candidats, qu’ils restent calmes. Car parfois ils s’énervent et ne comprennent pas pourquoi on les critique ou on remet en question leur façon d’être. Tout ceci est un apprentissage long, mais absolument indispensable pour qu’ils aient autant de chance que les autres candidats. Sans être stigmatisé par le milieu dont ils viennent.

Une préparation intensive

Mais pour arriver à l’oral il faut déjà réussir les écrits. Ce qui passe notamment par une préparation intensive avec des examens blancs chaque semaine. Particulièrement pour préparer l’épreuve la plus redoutée et la plus difficile : la note de synthèse.

Comme l’explique Morad Hadji, admissible à l’oral du concours d’inspecteur des impôts :

Personnellement, je sais que c’est une chance inouïe de pouvoir faire des notes de synthèse dans les conditions réelles d’examen. Mais aussi d’avoir derrière un retour avec des conseils, sur les points à améliorer et à changer. Ainsi que de la rigueur. C’est une chance qui nous a été donnée. En toute objectivité, si je n’avais pas été dans cette Prépa Talent, je ne pense pas que j’aurais poussé mes révisions et que j’aurais été autant investi.

Des moyens financiers au service de l’égalité des chances

Pour accompagner au mieux ces étudiants tous boursiers et issus de milieux modestes, l’IPAG de Montpellier dispose d’un budget de 97 000 euros par an. Financé par le ministère de l’Enseignement Supérieur ainsi que celui de la fonction publique et de la Direction Générale des Finances Publiques.

Ce qui permet à ces étudiants d’être équipé en matériel informatique et d’avoir une bourse de 4 000 euros. Mais aussi d’assurer la prise en charge de leurs frais de déplacement lorsqu’ils doivent passer des concours qui sont souvent à Paris, ou d’avoir un tuteur issu de la direction générale des impôts qui va les accompagner tout au long de l’année pour les soutenir et leur prodiguer des conseils.

Le but étant qu’ils aient les mêmes chances que tout le monde, souligne Nicolas Marty, le directeur de l’IPAG :

Quand on est face à un concours administratif, qu’on découvre un sujet, nous sommes tous à égalité. Mais au niveau de la préparation, c’est là qu’il peut avoir des différences. Il est évident qu'un étudiant provenant d’une famille aisée qui est abonnée aux journaux, Le Monde ou les Echos, aura l’habitude d’avoir accès à ces informations, il aura une culture générale qui se construira progressivement. Alors qu’un étudiant de milieu plus défavorisé dont les ressources ne permettent pas aux parents d’acheter des abonnements à la presse, d’avoir des ouvrages pour réviser qui peuvent coûter chers, cet étudiant-là, de fait, sera moins bien préparé.

En attendant, pour sa première année, la Prépa Talent de Montpellier a déjà obtenu des résultats très encourageants, puisque sur les quinze étudiants qui préparent les concours de la Direction Générale des Finances Publiques, onze sont déjà admissibles aux oraux.

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