«Ni Macron, ni Le Pen» : à Paris, les étudiants bloquent les campus pour faire entendre leur voix

Depuis lundi matin, le campus Jourdan de l’Ecole normale supérieure est bloqué, celui de Paris VIII depuis ce mardi. Mercredi, une assemblée générale se tiendra à la Sorbonne pour décider de la mobilisation. Les étudiants s’organisent dans l’entre-deux-tours de la présidentielle pour alerter sur les défis de la catastrophe climatique.

Paris (XIVe), ce mardi. Dès l'annonce des résultats du premier tour dimanche, les étudiants du campus Jourdan de l'Ecole normale supérieure se sont mobilisés pour organiser le blocus. LP/Marion Kremp
Paris (XIVe), ce mardi. Dès l'annonce des résultats du premier tour dimanche, les étudiants du campus Jourdan de l'Ecole normale supérieure se sont mobilisés pour organiser le blocus. LP/Marion Kremp

    Vingt ans après, on est loin de la déferlante lancée dans les rues par les étudiants pour faire barrage au Front national qui arrivait alors pour la première fois au second tour d’une élection présidentielle. La mobilisation frémit cependant depuis que les résultats sont tombés dimanche soir. Ne laissant d’autres choix à cette jeunesse que départager un président sortant « qui n’a rien fait pour l’écologie et une raciste », selon leurs dires.

    Pour faire entendre leur voix, alerter sur la catastrophe climatique, l’égalité, la préservation des services publics et des droits sociaux, les étudiants s’organisent. Dès 7 heures, lundi, une dizaine, du campus Jourdan de l’École normale supérieure, à Paris (XIVe), a infiltré le bâtiment désormais barricadé. Occupé par 80 étudiants qui se relaient au rythme des AG et des ateliers d’organisation de la lutte, le campus est quasi désert en ce mardi après-midi. Depuis la rue, les passants déchiffrent sans conviction les banderoles déroulées sur la façade : « Jeunesse révoltée, Fac occupée », « Ni Macron, Ni Le Pen ».

    « Bloquer l’université est notre seul moyen de pression »

    « Nous sommes descendus spontanément dans la rue dimanche soir, on était moins d’une centaine, ça n’est pas possible d’en arriver à une telle banalisation de l’extrême droite. 40 % des jeunes se sont abstenus, mais cela ne veut pas dire que la jeunesse n’a pas d’idée », défend un élève de première année en licence de Sciences pour un monde durable. Formation pluridisciplinaire d’excellence consacrée aux enjeux de la transition énergétique.

    Campus Jourdan de l'Ecole normale supérieure (XIVe), ce mardi. Depuis lundi matin, les cours n'ont plus lieu et le bâtiment est occupé.
    Campus Jourdan de l'Ecole normale supérieure (XIVe), ce mardi. Depuis lundi matin, les cours n'ont plus lieu et le bâtiment est occupé. LP/Marion Kremp

    La colère est vive contre les générations précédentes. « Si les plus de 65 ans n’avaient pas voté, Mélenchon aurait gagné, et surtout l’urgence écologique aurait été prise en compte », poursuit une de ses camarades. La plupart d’entre eux ont forgé leur engagement dans les rangs des marches pour le climat, les manifestations contre la loi sécurité globale, les luttes féministes et les rassemblements pour l’égalité.

    « On manifeste depuis des années, nous ne sommes pas entendus, on se reconnaît très peu dans ce que les institutions nous proposent. Bloquer l’université est notre seul moyen de pression », justifient tous azimuts ces 18-22 ans qui ont décidé de parler d’une seule voix et préparent leur dernière AG de la journée. Ce mardi soir, ils seront comme la veille près d’une trentaine à passer la nuit sur des matelas de camping installés dans les salles du bâtiment.

    Une propagation à venir ?

    Un amoncellement de tables et de chaises bloque les accès. Dans les étages, les salles de cours ont été rebaptisées : cuisine, salle de travail pour les plus studieux, infirmerie, communication… Organisés, ils expérimentent la lutte et « le vivre ensemble » via une charte de bonne conduite notamment. Soutenus par Solidaires, ils n’ont pas attendu les syndicats traditionnels pour lancer leur mouvement qui commence à faire des petits.

    L’université Paris VIII leur a embrayé le pas en bloquant ce mardi matin, Nanterre (Hauts-de-Seine) devrait en faire de même, comme la Sorbonne Paris I où se tiendra ce mercredi, à 13 heures, une assemblée générale pour décider de la mobilisation.