Paris : après l’occupation de la Sorbonne, la facture s’annonce «très importante»

Des constatations ont été menées par les enquêteurs ce vendredi après l’occupation de l’université par des étudiants protestant contre les résultats du premier tour de la présidentielle. Le rectorat a condamné des «violences inacceptables» et des «dégradations importantes».

Paris, le 13 avril 2022. Des jeunes ont occupé des locaux de la Sorbonne pour protester contre les résultats du premier tour de la présidentielle et l'extrême droite. /Jeanne Actu
Paris, le 13 avril 2022. Des jeunes ont occupé des locaux de la Sorbonne pour protester contre les résultats du premier tour de la présidentielle et l'extrême droite. /Jeanne Actu

    Bris de verre, livres déchirés, tags sur les murs, mobilier dégradé, ordinateurs et extincteurs jetés par des fenêtres… L’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne (Paris Ve) va devoir panser ses plaies après l’occupation par 400 jeunes entre le 13 et le 15 avril. Ce vendredi, les enquêteurs de la DSPAP (Direction de la sécurité de proximité de l’agglomération parisienne) ont réalisé de longues constatations visant à évaluer les dégâts. Ils ont également recensé des portes fracturées, des carreaux cassés, un mur abattu, la destruction des dispositifs de sécurité incendie, de matériel pédagogique dont des livres, de multiples graffitis y compris sur le patrimoine historique… Conséquence : le site doit rester fermé jusqu’à la fin des enseignements du second semestre, le samedi 23 avril.

    L’estimation du coût de cette occupation est toujours en cours. « La facture risque d’être très importante », confie une source proche de l’enquête. Les jeunes, parfois mineurs, ont notamment détérioré la bibliothèque de l’université. Ils entendaient ainsi protester contre le résultat du premier tour de l’élection présidentielle débouchant sur le duel opposant Emmanuel Macron à Marine Le Pen.

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    Lorsque les forces de l’ordre sont arrivées ce vendredi matin pour les déloger, de nombreux jeunes avaient déjà quitté les lieux. Une centaine d’identités ont néanmoins été contrôlées. Sur l’ensemble, une poignée seulement était connue de la direction du renseignement de la préfecture de police (DRPP). « Il n’y avait pas de militants de l’ultra gauche suivis par les services de renseignement », confirme une source. Une enquête a été ouverte pour déterminer qui était derrière ces actions menées à la Sorbonne, à l’ENS (École normale supérieure) ou à Sciences-po.

    Dans un communiqué de presse, Christophe Kerrero, recteur de la région académique d’Île-de-France, recteur de l’académie de Paris, et Bénédicte Durand, rectrice déléguée à l’enseignement supérieur d’Île-de-France Paris, ont condamné « cette occupation illégale qui a conduit à des violences inacceptables et à des dégradations importantes ».

    5 000 manifestants contre l’extrême droite attendus ce samedi à Paris

    Les étudiants et lycéens étaient entrés de force mercredi dans la Sorbonne et avaient tenu une assemblée générale interfacs dans un des amphithéâtres de l’établissement. À l’issue de cette réunion, ils avaient voté l’occupation des lieux avec ce mot d’ordre : « Le fascisme n’est pas une option ».

    Interviewés par différents médias, ces jeunes ont expliqué cette protestation par « une révolte en réaction à l’affiche de l’entre-deux-tours », « la casse de la jeunesse par Emmanuel Macron » et « le projet raciste, xénophobe et antisocial de Marine Le Pen », « un ras-le-bol par rapport à l’aggravation de la précarité » et « l’état de la planète ».



    Les 150 autres étudiants qui bloquaient l’accès à Sciences-po Paris avaient levé le camp jeudi après-midi après une opposition avec des militants d’extrême droite. L’École normale supérieure, sur le campus Jourdan dans le XIVe arrondissement, est occupée depuis lundi.

    Beaucoup d’entre eux participeront ce samedi après-midi à une grande manifestation contre l’extrême droite qui devrait réunir, selon les renseignements de la préfecture de police de Paris, près de 5 000 personnes place de la Nation (Paris XIe).