Parisiens, la fête est finie. Un jour, il faudrait bien refaire la queue pour entrer au Louvre, et ce jour est arrivé. Les touristes sont de retour, revenus par cercles concentriques : de France d’abord, puis des pays limitrophes, puis de toute l’Europe et du Moyen-Orient. A l’automne 2021, les Américains ont repris leur place.
Depuis début avril, les beaux jours, la fin de la désorganisation liée au variant Omicron et la croissance des liaisons aériennes se conjuguent pour rendre aux quartiers touristiques de la capitale un semblant de normalité.
Autour de la tour Eiffel ou du Trocadéro, les confinements semblaient avoir duré plus longtemps qu’ailleurs. Ces quartiers, éteints en l’absence des grappes touristiques, retrouvent seulement leur quotidien et leurs résidents diurnes : les exilés vendeurs de tours Eiffel en plastique, de perches à selfies et de lunettes de soleil, et ceux qui les achètent ; les chevaux de bois du carrousel, et ceux qui les montent ; les « tuk-tuks » parisiens, et ceux qui les empruntent. La « dame de fer » est de nouveau une tour de Babel où personne ne parle la même langue mais où chacun semble se comprendre.
Ressurgissent des métiers en forte perte d’attractivité depuis deux ans : joueur de bonneteau et complices, pickpocket de rue, vendeur de cadenas sur la passerelle Sédar-Senghor et accordéoniste du pont Saint-Louis.
Jusqu’à la fin du mois, le calendrier des réservations sur le site de la tour Eiffel scintille de pastilles orange, qui veulent dire « dernières places disponibles », tandis qu’il faut anticiper les visites au Louvre de quarante-huit heures minimum.
Des semaines plus calmes
Jean-François Martins, qui préside la Société d’exploitation de la tour Eiffel, observe les compteurs avec le calme des vieilles troupes. Par rapport à l’avant-Covid, il lui manque encore un visiteur sur cinq. Le week-end de Pâques, la tour a été visitée par 22 000 personnes chaque jour, quasiment sa capacité maximale lorsque tout va bien – ce qui arrive rarement, car l’édifice fait son âge et se fait actuellement ripoliner la façade.
Les semaines, hors vacances scolaires, sont plus calmes, signe que les visiteurs lointains et le tourisme de groupe, qui occupent les heures creuses, se font encore désirer. Si une bonne partie de la France a redécouvert son emblème durant la pandémie, les locaux composent encore un quart des visiteurs, le double de la normale. Suivent les Américains (12 %), qui font du bien à l’industrie du luxe. Un temps, les professionnels ont craint un effet repoussoir de la guerre en Ukraine, au motif que la clientèle nord-américaine situerait Kiev dans la banlieue de Paris ; il n’en a rien été.
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