« A est le dividende, B le diviseur et Q est le quotient, R, c’est le reste », rappelle Bruno Caldier, formateur en mathématiques, qui, ce jeudi d’avril, fait face à une vingtaine d’élèves de 18 à 20 ans, en cours de soutien en arithmétique du CESI, une école d’ingénieurs postbac à Nanterre. Les bases de la division euclidienne sont rappelées, ainsi que des notions plus poussées comme les équations de Diophante ou encore le théorème de Fermat, qui ne sont pas toujours acquises pour les premiers titulaires du nouveau « bac Blanquer », obtenu en 2021.
Tous les enseignants interrogés sur le niveau de cette génération, des jeunes nés pour la plupart en 2003, s’accordent sur un constat : le niveau a globalement baissé. Pour rattraper le retard cumulé par les néobacheliers, des écoles postbac se dotent d’outils de mise à niveau. Elles pressent également le gouvernement de corriger des biais induits par sa réforme dans l’enseignement des matières scientifiques.
L’un des objectifs du nouveau baccalauréat était de mettre fin à la hiérarchisation des filières et au passage obligé de la filière scientifique pour ouvrir le plus de possibilités dans le choix d’un établissement supérieur ou d’une filière. Il fallait supprimer cette mécanique de la « voie royale », sésame de la réussite.
« On a fait croire aux lycéens que tous les choix étaient possibles quand ils s’orientaient vers un bac S », témoigne Thomas Maurer, directeur de la formation et de la pédagogie à l’Université de technologie de Troyes. C’est faux. Les classes préparatoires scientifiques comme les écoles d’ingénieurs postbac attendent que les candidats qui frappent à leur porte aient choisi non seulement des mathématiques en spécialité (six heures par semaine), mais, en outre, qu’ils aient opté pour l’option « maths expert », qui permet de monter à neuf heures d’enseignement de mathématiques hebdomadaire.
« Au lycée, mes professeurs m’ont assuré que ce choix n’était pas obligatoire. Mais j’ai compris trop tard que c’est la seule voie pour acquérir les compétences attendues par une école d’ingé », explique Margot Laserre, 19 ans, élève ingénieure au CESI. Les apprentis ingénieurs qui n’ont pas pris cette option reconnaissent leurs lacunes. « Les graphes, les matrices, les nombres complexes étaient, à la sortie du lycée, des choses inconnues », admet Hugo Lesage, 18 ans, également élève ingénieur au CESI.
« Des heures de technique »
Selon le ministère de l’éducation nationale, ils sont 51 942 lycéens à avoir opté pour l’option « maths expert » en 2020. « Il s’agit d’élèves qui ont acquis au lycée de bonnes compétences mathématiques, adaptées à la poursuite d’études scientifiques. Ils sont mieux formés, meilleurs que leurs prédécesseurs qui ont passé un bac S », souligne Emmanuel Duflos, directeur de l’Ecole centrale de Lille et vice-président de la Conférence des directeurs des écoles françaises d’ingénieurs. Ensuite, le programme « réconcilie les mathématiques et la physique, poursuit Denis Choimet, président de l’Union des professeurs de classes préparatoires scientifiques. Il est plus formateur, plus exigeant. Les mathématiques, il faut les pratiquer, ce sont des heures de technique. »
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