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Le « Tage Mage », le test de vitesse devenu étalon de la sélection dans les écoles de commerce

Entre avril et mai, la sélection pour intégrer un master d’école de commerce à la rentrée bat son plein. Le test Tage Mage, demandé par la plupart de ces établissements, est désormais passé par 15 000 étudiants chaque année. Pour le réussir, il faut apprivoiser ce QCM chronométré… et beaucoup s’entraîner.

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Publié le 07 avril 2022 à 15h30

Temps de Lecture 6 min.

Il est 15 heures, le silence règne. Dix-neuf élèves, la petite vingtaine, sont concentrés, un stylo à la main. Sur leurs feuilles se trouvent des exercices de logique visuelle. Plusieurs nombres figurent dans un carré, et il leur faut comprendre le raisonnement derrière ces figures pour dénicher le chiffre suivant. « Alors, qu’avez-vous trouvé ? », demande l’enseignant. Calculs et problèmes de logique s’enchaînent toute la journée et toute la semaine, pour ces étudiants issus d’horizons différents mais qui ont un point commun : ils sont inscrits dans un stage de préparation intensif au Test d’aptitude aux études de gestion et au management d’entreprise (Tage Mage), proposé à Paris par l’institut GIGOT.

Le Tage Mage est désormais demandé par la plupart des écoles de commerce, d’Audencia à l’Edhec, en passant par ESCP, Grenoble Ecole de Management, HEC, Toulouse Business School ou encore Neoma, dans le cadre de leurs « admissions parallèles » (admissions à bac + 2 ou bac + 3, après une licence ou une autre formation). Un chemin alternatif aux classes préparatoires, qui s’est largement développé au cours des vingt dernières années.

Désormais, chaque année, 15 000 étudiants passent le Tage Mage. Ce QCM, né officiellement en 1996, résulte de la fusion de deux tests créés dans les années 1990 par IEA d’Aix et par l’EM Lyon, détaille Emmanuel Margerie, responsable des tests à Fondation nationale pour l’enseignement de la gestion des entreprises (Fnege), l’organisme qui organise les sessions.

Le Tage Mage est désormais demandé par la plupart des écoles de commerce

Le test comprend quatre-vingt-dix questions de tout type (logique, calcul, vocabulaire, compréhension, etc.) à réaliser en deux heures, soit une minute et demie pour chaque question en moyenne. Pour réussir à se rapprocher du score maximal de 600 points, il faut donc une sacrée efficacité. D’autant que certaines questions nécessitent plus de temps que d’autres. Exemple ? « Un groupe d’étudiants décide d’acheter un cadeau d’anniversaire à leur ami. Cela leur coûtera 44 euros chacun. Cependant, si deux d’entre eux décident de ne pas payer, cela coûtera 52 euros aux payeurs. Combien coûte le cadeau ? » Pour d’autres segments du test, il s’agira de vérifier sa compréhension d’un article de presse un peu technique, de trouver le titre adéquat à un petit texte, de calculer « 18 ÷ 0.02 », etc.

Bien se préparer pour maximiser son futur score

Nous retrouvons Clément, étudiant en écogestion, à la sortie de sa journée de stage de préparation. Son objectif : se préparer à fond pour maximiser son futur score. Venu d’Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône), il passe cette semaine de « vacances » de février à réviser le Tage Mage. « J’aimerais intégrer l’EM Lyon, l’Edhec ou l’IAE d’Aix. J’ai choisi de suivre une préparation payante pour avoir les bonnes méthodes et apprendre à être efficace et rigoureux, tout en sachant gérer le temps limité du test », explique-t-il, un mois et demi avant le jour J.

Pour les écoles qui l’utilisent, les résultats de ce test sont un indicateur précieux

A côté de lui, Camilla vient d’un univers différent : elle est actuellement à l’Ecole d’architecture de Versailles et aimerait intégrer le double diplôme manageur-architecte avec l’Essec. Pour y arriver, elle doit performer au Tage Mage. « J’ai besoin de booster mon niveau, notamment sur la partie de compréhension de texte. Mais, de par ma formation, j’ai plus de facilités sur les exercices de logique et de visualisation dans l’espace », explique l’étudiante.

Pour les écoles qui l’utilisent, les résultats de ce test sont un indicateur précieux. « Ce test nous permet de classer les candidats issus de formations très différentes à partir d’une évaluation de leurs compétences verbales, de résolution de problèmes complexes, de raisonnement… Nous pouvons ainsi homogénéiser et étalonner les candidatures », explique Patrice Houdayer, directeur des programmes de Skema. L’école de commerce a apposé à ce test un coefficient 10, autant que le test d’anglais, lui aussi obligatoire, tandis que l’ensemble du curriculum vitæ compte pour 5. « En d’autres termes, avoir un bon score est nécessaire, mais pas toujours suffisant ! »

« Pour le préparer, il n’est pas nécessaire d’apprendre du contenu. Ce ne sont pas des connaissances qui sont demandées, mais des compétences », souligne Felix Papier, directeur du programme grande école de l’Essec. Là aussi, le score au Tage Mage fait partie du dossier, au même titre que la lettre de motivation, les notes, les recommandations… Car le Tage Mage a évidemment ses limites : il ne mesure ni la créativité, ni l’expression orale et écrite, ni même la motivation de l’élève. « Nous n’avons pas fixé de score minimal sur le Tage Mage, mais son résultat nous donne une bonne indication de la capacité de raisonnement logique et de compréhension d’un candidat », ajoute M. Papier. L’Essec accepte aussi le GMAT, le test de référence dans les business schools américaines. Parmi les candidats français, trois quarts des postulants à l’Essec choisissent néanmoins le Tage Mage.

Des outils pour bien se préparer

Alors, comment le préparer ? La Fnege propose de commander des annales papier et des packs de fiches et de tests blancs assez accessibles (les packs en ligne coûtent de 39 à 59 euros sur le site officiel du test). Il existe aussi des ouvrages en librairie, contenant des exercices et des conseils. Enfin, plusieurs organismes privés, comme PGE-PGO, mais aussi Aurlom ou Ipesup, proposent des stages, en ligne ou à distance, avec naturellement un coût plus important pour le candidat (comptez 895 euros les cinq jours chez PGE-PGO, 1 350 euros pour sept jours intensifs chez Aurlom, par exemple).

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« Le Tage Mage est un concours de méthode. Ceux qui réussissent le mieux sont ceux qui ont pris plusieurs mois pour travailler régulièrement et rattraper leurs éventuelles lacunes, notamment en calcul », relève Robin Morth, directeur général de PGE-PGO.

Le candidat peut passer le test en fin d’année ou au printemps. S’il le souhaite, il peut même le tenter deux fois. « Il peut être intéressant d’avoir une deuxième chance, si l’étudiant était un peu stressé la première fois, ou pas au meilleur de sa forme. L’école ne disposera que du meilleur score », souligne Emmanuel Margerie. Coût du passage du test : 65 euros.

S’entraîner en conditions réelles

Dans tous les cas, l’équilibre se révèle délicat entre travail efficace et excès de bachotage. « Si l’on se prépare trop, le risque est de s’enfermer dans des concepts ou des règles qui peuvent nous desservir, d’être trop sûr de soi et de ne pas gérer son temps convenablement. Mon principal conseil est surtout de se mettre en situation d’examen chez soi, pour s’habituer au format du test », propose M. Margerie, de la Fnege.

C’est justement ce que Salomé a fait. Etudiante en licence d’économie, elle a préparé le test avec un livre, en s’entraînant en situation. « J’ai essayé les exercices sans brouillon, sans calculette, juste avec un crayon et un chronomètre, car ce sont les conditions de l’examen qui apportent le stress. Lors de mes révisions, j’ai aussi essayé de voir les questions comme celles d’un jeu. Et ce ne sont pas des révisions perdues, le fait d’avoir appris à faire un QCM m’est très utile, aujourd’hui, à l’école », raconte Salomé, qui a bien réussi son test et qui est désormais étudiante à Kedge.

Reste que toutes les écoles n’utilisent pas le Tage Mage. L’Ieseg, par exemple, considère que les résultats de ce test ne reflètent pas systématiquement le niveau des candidats – l’école préfère « décortiquer les dossiers et les bulletins scolaires ». « Nous ne voulions de plus pas ajouter des frais complémentaires aux candidats », ajoute Céline Verdriere, responsable du service recrutement de l’Ieseg. Une bonne nouvelle pour ceux qui souhaiteraient l’éviter !

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