Début mars, les pêcheurs français avaient haussé le ton contre la flambée des prix du carburant, organisant le blocage des dépôts pétroliers de Brest (Finistère) et Lorient (Morbihan), des barrages filtrants sur le pont de Normandie, laissant leurs bateaux à quai au Tréport (Seine-Maritime) comme au Guilvinec (Finistère). La réponse de l’Etat, alors, ne s’était guère fait attendre.
« Nous ne laisserons pas tomber les pêcheurs », est venu assurer le premier ministre, Jean Castex, le 15 mars, à la préfecture de Bretagne, à Rennes. Une aide de 35 centimes d’euro sur le prix du litre était proposée deux jours plus tard, par le biais d’une réduction des cotisations patronales. Sur les 4 000 dossiers reçus par le ministère de la mer, 2 733 avaient été traités au 25 avril, 8,8 millions d’euros d’aides versés.
Quand, le 1er avril, le plan de résilience est entré en vigueur, le dispositif d’aide aux pêcheurs a évolué : ils bénéficient comme tous les Français de la baisse de 15 centimes directement à la pompe. Une aide complémentaire de 20 centimes sur chaque litre de carburant devait permettre de maintenir, jusqu’au 31 juillet, le niveau de soutien à 35 centimes par litre.
« Le premier dispositif, en mars, était assez simple, cela a très bien fonctionné. Mais la mise en œuvre du second, des 20 centimes, est toujours en discussion », constate Antony Viera, secrétaire général du comité des pêches de Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais). « On ne sait toujours pas comment ils seront versés et par quel mécanisme », renchérit Xavier Leduc, président de l’Union des armateurs à la pêche de France (UAPF), qui, aux côtés de l’Association nationale des organisations de producteurs alerte, depuis la mi-avril, sur la situation.
La « foire aux questions » du site du ministère de la mer laisse elle-même transparaître une difficulté, en précisant que cette aide complémentaire est « en cours de montage dans la limite des plafonds par entreprise unique fixés au niveau européen. »
Réglementation européenne
Les aides publiques à la pêche sont strictement encadrées par la réglementation européenne. Ainsi, celles qu’un Etat peut accorder à titre très exceptionnel à ses pêcheurs sans en référer à Bruxelles sont plafonnées à 30 000 euros sur trois ans. Une somme à laquelle le plan de résilience européen a ajouté 35 000 euros, soit un maximum de 65 000 euros par entreprise de pêche.
Or, les pêcheurs comme les ministères estiment que si la somme peut suffire pour une entreprise d’un seul petit navire qui pêche au filet, le trou dans la trésorerie de celles qui pêchent en haute mer, avec plusieurs chalutiers, dépasse largement ce plafond. La France a demandé à la Commission européenne de le rehausser et attend toujours sa réponse.
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