Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?
Dans la Chambre de culture
NICOLAS KRIEF POUR « LE MONDE »

Les fermes verticales, un modèle controversé pour l’agriculture de demain

Par  (Epaux-Bézu (Aisne), envoyée spéciale)
Publié le 20 avril 2022 à 01h43, modifié le 20 avril 2022 à 14h23

Temps de Lecture 9 min. Read in English

Chaque mercredi, Michèle Lori, 86 ans, ne rate sous aucun prétexte le marché hebdomadaire de la Cité maraîchère de Romainville (Seine-Saint-Denis). « J’habite au bout de la rue, cité Marcel-Cachin, depuis soixante ans. J’attendais l’ouverture de ce lieu avec impatience. J’ai même une truelle au nom de la Cité maraîchère, poursuit la dynamique octogénaire, flanquée de son cabas en jute, dans lequel elle glisse endives, pleurotes, shiitakés et salade. Ici, c’est convivial, on y rencontre du monde et les légumes sont bons et très frais. » A sa voisine, Nebia Gherras, 72 ans, que Michèle a motivée à sortir cet après-midi, elle demande : « Tu viens faire le compost samedi ? » « Je ne l’ai encore jamais fait, mais je vais m’y mettre ! », répond Nebia.

A Romainville (Seine-Saint-Denis), des ventes directes sont organisées chaque semaine. Ouvertes à tous, elles sont surtout fréquentées par les habitants du quartier. Ici, le 12 janvier 2022.

Ouverte à l’été 2021, la Cité maraîchère de Romainville est un lieu public hybride, à la fois serre horticole, dont la production est vendue à des tarifs modulés selon le quotient familial (jusqu’à – 75 %), espace de sensibilisation, chantier d’insertion, café cantine… L’originalité de cet espace tient à ses usages multiples, mais aussi à sa conception : les légumes poussent sous une grande verrière, comme dans une serre, mais sur plusieurs niveaux, six étages dans deux tours modernes.

Ici se pratique une forme d’agriculture verticale, terme générique qui désigne des systèmes de production variés – en tour, en sous-sols ou en entrepôt, avec ou sans lumière naturelle –, qui ont pour point commun d’être pratiqués sur plusieurs niveaux étagés de culture. Alors que, en 2050, près de 70 % de la population mondiale vivra en ville, l’agriculture verticale, dont l’emprise au sol est réduite, est présentée par ses promoteurs comme une solution à la pression sur les terres. Mais ce modèle compte aussi ses détracteurs, qui le considèrent au choix comme un gadget, coûteux et, pour les cas les plus « high-tech », trop gourmands en énergie.

La Cité maraîchère de Romainville (Seine-Saint-Denis), le 12 janvier 2022, vue depuis les rues environnantes. Des cultures de fruits et légumes de saison sont installées à chacun des six étages de cette serre.
Du chou kale et des pleurotes poussent dans le même bac, avec le même substrat. A Romainville (Seine-Saint-Denis), le 12 janvier 2022.
Nicolas Baudez, le chef de culture, dans la champignonnière de la Cité maraîchère de Romainville (Seine-Saint-Denis), le 12 janvier 2022.

Amener de la nature en ville

A Romainville, la Cité maraîchère est plutôt « low-tech ». L’intention n’est pas de produire massivement, mais d’amener de la nature en ville. Voulu et pensé par l’ancienne maire, Corinne Valls (divers gauche), le projet de tour maraîchère était, lors du changement d’équipe municipale, en 2020, « le gros boulet de la nouvelle mandature » en raison du coût du chantier, 8 millions d’euros. La nouvelle équipe en a revu les ambitions, créant une régie municipale et renforçant sa dimension sociale et éducative.

« Avant d’être un lieu de production, on est un lieu de démonstration et de vie, dans un quartier politique de la ville », décrit Yuna Conan, directrice de la Cité. Le site emploie quinze personnes en insertion, ainsi que les encadrants, et a distribué quelque 240 cartes d’adhérents aux habitants de la ville, dont un tiers correspond au tarif le plus bas.

Il vous reste 76.44% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.