Le textile « made in France » signe le renouveau du bassin de Troyes (10)

Troyes Champagne Métropole et son agence de développement économique, Business Sud Champagne, soutiennent la renaissance de la production textile. Objectifs : aider les entreprises à améliorer leurs performances industrielles et devenir un pôle d’innovation pour un textile éco-responsable.

C’est l’histoire d’une industrie qui fait florès dans l’Aube dans les années 1970 à 2000, avant de subir une vague de délocalisations. La capitale du tricot décline alors, perdant plus de 20 000 emplois. Mais, depuis une petite dizaine d’années, le mouvement s’inverse.

Pionnier de ce retour aux origines : le Coq sportif qui, dès 2010, construit son siège social et un centre de recherche dans son ancienne usine de Romilly. « Ensuite, à partir de 2015, nous avons senti un frémissement », se souvient Bertrand Chevalier, vice-président de Troyes Champagne Métropole en charge du développement économique : en effet, d’autres industriels du textile manifestent leur intérêt pour réinvestir le territoire.

En 2018, le groupement d’intérêt public (GIP) Business Sud Champagne voit le jour. Cette agence de développement économique créée par les agglomérations de Troyes et de Chaumont donne un fort coup d’accélérateur à la démarche. L’année suivante, Lacoste agrandit de 38 000 m2 son entrepôt logistique sur la plate-forme de Buchères, près de Troyes.

Un pôle d’excellence et d’innovation

L’idée d’un « pôle d’excellence » est lancée par Petit Bateau en 2020. Dénommé « Pôle d’excellence de la maille 4.03 », ce collectif animé par Business Sud Champagne regroupe aujourd’hui tous les industriels du territoire – Petit Bateau, Lacoste, Chanteclair, Bugis, Bioserenity, Garçon français, le Fil d’Ariane, France Teinture, parmi bien d’autres – pour mutualiser les bonnes pratiques, développer l’écoconception, mieux communiquer…

« C’est un véhicule de stratégie et d’innovation, décrit Bertrand Chevalier. On y parle gestion des déchets, numérique, fibres naturelles, sources d’approvisionnement, recyclage… ». Des recherches sont menées dans ce sens par plusieurs start-up et industriels du pôle. On y conçoit même des textiles connectés, aptes à surveiller des pathologies chroniques !

Process industriels et écoresponsabilité

La relocalisation du marché passe par deux fils rouges : l’écoresponsabilité et la performance industrielle. « Depuis plusieurs années, la demande des consommateurs s’oriente progressivement vers des productions Made in France, plus respectueuses de l’environnement, à base de produits naturels, comme le chanvre et le lin », expose Valérie Schwarz, directrice générale de Business Sud Champagne. Par ailleurs, le GIP et le Pôle d’excellence soutiennent les entreprises dans l’amélioration de leurs process industriels : « Le modèle d’importation de produits fabriqués en Asie, à base de volumes importants, ne correspond plus aux aspirations actuelles, souligne Valérie Schwarz. Les marques ne souhaitent plus gérer des stocks importants d’invendus en raison des contraintes réglementaires de récupération et de recyclage. Elles préfèrent réduire l’amplitude des séries de fabrication et, si besoin, à la demande, fabriquer des réassorts dans un délai rapide. Ce qui est possible uniquement en production locale et dans des ateliers 5.0. Troyes constitue dans ce contexte une base industrielle solide aux portes de l’île de France ».

Business Sud Champagne et le pôle d’excellence conseillent les entreprises sur leur stratégie, l’automatisation, la réduction des coûts, les économies d’eau et d’énergie… En parallèle, des subventions sont versées aux industriels, avec l’aide du plan France Relance, pour qu’ils puissent moderniser leurs process.

Des emplois à pourvoir

En décembre 2021, une campagne d’affichage dans les rues de Troyes met à l’honneur la filière locale de la maille. « L’idée est aussi de changer l’image de cette industrie pour pourvoir les postes vacants », précise la directrice générale du GIP. En effet, le succès est tel, qu’une tension est notée sur le marché de l’emploi. « Former, recruter, communiquer, faire connaître notre tissu industriel performant, attirer de nouvelles marques françaises qui, pour beaucoup, sont basées à Paris, cela fait partie de nos enjeux actuels », poursuit Valérie Schwarz.

Pour Bertrand Chevalier, l’expérience est reproductible : « Il faut pour cela développer des relations interpersonnelles avec les dirigeants des entreprises, afin de les entraîner collectivement, et miser sur l’ingénierie pour créer de la valeur ». La métropole compte capitaliser sur ce modèle de développement et créer des ramifications pour soutenir le renouveau d’autres filières locales.

La « relocalisation » du marché du textile en chiffres

  • Une centaine d’entreprises implantées à Troyes, Romilly et dans les environs.
  • 52 projets d’entreprises textiles détectés et accompagnés depuis 2019 par le GIP, dont 16 ont abouti.
  • 28 millions d’euros d’investissement au total pour aider les entreprises à améliorer leurs process industriels, dont 4 millions d’aides obtenues au titre du plan France Relance
  • 12 500 euros de subvention de la Banque des territoires en 2020 pour réaliser une étude de faisabilité sur l’introduction de la fibre lyocell (fabriquée à partir de la cellulose de bois)
  • 3 000 emplois locaux dans le textile à ce jour
  • 350 emplois à pourvoir dans les trois ans à venir

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