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Le marché de l'emploi ralentit mais résiste encore en France

L'économie française s'est enrichie d'un peu plus de 66.000 emplois salariés dans le secteur privé au premier trimestre malgré une croissance zéro, selon les chiffres provisoires publiés vendredi par l'Insee. Une performance meilleure qu'attendue, qui ne se renouvellera peut-être pas en raison des retombées de la guerre en Ukraine.

L'emploi dans les secteurs tertiaires marchand ou non marchand a très fortement progressé par rapport à l'avant crise du Covid.
L'emploi dans les secteurs tertiaires marchand ou non marchand a très fortement progressé par rapport à l'avant crise du Covid. (Gorodenkoff/Shutterstock)

Par Alain Ruello

Publié le 6 mai 2022 à 09:53Mis à jour le 8 mai 2022 à 19:41

Ralentissement indéniable mais résistance beaucoup plus forte qu'anticipée, qui ne manque pas d'interroger sur la suite. C'est ce qui ressort de l'estimation provisoire de l'Insee des chiffres de l'emploi salarié au premier trimestre publiée ce vendredi. Malgré la panne de croissance enregistrée sur les trois premiers mois de l'année , les effectifs du secteur privé ont progressé de 0,3 % entre fin décembre et fin mars, soit 66.100 postes supplémentaires.

C'est deux fois moins que lors des trois derniers mois de l'année dernière, mais c'est très nettement plus que les 15.000 créations nettes que l'institut statistique national anticipait jusque-là. Qui plus est, cette prévision datant de mi-mars était assise sur une hypothèse de croissance du PIB de 0,3 % ! « Malgré la guerre en Ukraine, les entreprises gardent confiance dans leurs perspectives d'activité », s'est félicité Elisabeth Borne, la ministre du Travail, sur Twitter, saluant une « bonne nouvelle ».

L'emploi intérimaire s'est légèrement replié (−1,4 % soit −11.500 emplois) après avoir connu un bond important fin 2021, en partie lié au besoin de remplacement de salariés en arrêt maladie pour cause de Covid. Malgré ce coup d'arrêt, qui fait suite à sept trimestres d'affilée de hausse, le travail temporaire reste au-dessus de son niveau d'avant crise, souligne l'Insee : de +4,8 %, soit +37.500 emplois de plus par rapport à fin 2019 précisément.

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L'industrie n'a pas remonté la pente

Dans la lignée des quatre trimestres précédents, l'industrie a très légèrement progressé cet hiver, gagnant 3.100 postes (+0,1 %). Ses effectifs se sont étoffés depuis fin 2020 mais pas au point de compenser l'hémorragie causée par le Covid (−1,1 % soit −32.900 emplois par rapport à fin 2019).

Locomotive de la création de l'emploi en France, le secteur tertiaire continue de progresser mais montre aussi des signes de ralentissement : le nombre de postes créés, toujours hors intérim, a progressé de 0,3 % après 0,5 %. Le solde par rapport à l'avant crise reste très favorable en revanche (+218.300).

Dans la construction enfin, l'Insee fait état d'une hausse de 0,4 % à nouveau, soit 6.000 emplois de plus, avec, comme pour le tertiaire un très net rattrapage sur les deux ans passés (+5,1 %, +73.600 emplois).

Le chant du cygne ?

Tous ces chiffres, même provisoires et même s'ils ne disent pas tout, constituent incontestablement une bonne surprise. Le satisfecit affiché par le gouvernement n'est donc pas infondé. Est-il pour autant durable sachant que les perspectives macroéconomiques restent très incertaines ?

« L'emploi a mieux résisté au premier trimestre que ce que nous anticipions mais il peut y avoir un effet décalage, tempère Sylvain Larrieu, chef de la division synthèse et conjoncture du marché du travail de l'Insee. Si le ralentissement de l'activité se poursuit du fait de la crise internationale ou de l'inflation, cela pèsera sur l'emploi durant les prochains trimestres. »

Le cabinet d'études Asterès souligne lui aussi la bonne dynamique de l'emploi au premier trimestre. Mais avec la guerre en Ukraine qui a cassé la dynamique de croissance, l'évolution risque d'être moins porteuse sur le reste de l'année.

Même s'il faut rester prudent avec les chiffres mensuels de Pôle emploi, c'est ce que semble montrer le ralentissement de fin janvier à fin mars de la baisse du nombre de chômeurs . « L'inflation pourrait également conduire les banques centrales à resserrer les politiques monétaires, pénalisant les créations d'emplois », anticipent les économistes d'Asterès, Sylvain Bersinger et Guillaume Moukala Same.

Alain Ruello

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