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« Je n’étais pas idiote, j’étais dyslexique ! »

« Premières fois » : récits de moments charnières autour des études supérieures ou du passage à l’âge adulte. Cette semaine, Julie raconte le jour où elle a découvert sa dyslexie, à l’université.

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Publié le 07 mai 2022 à 07h30, modifié le 06 septembre 2022 à 14h51

Temps de Lecture 4 min.

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La première fois que le mot « dyslexie » a résonné en moi, c’était à l’université, en 2013. A l’époque, j’ai à peine 30 ans et j’entame une reprise d’études en psychologie. Un jour, le service de santé universitaire évoque ce trouble cognitif lors d’une journée d’intégration. Je me reconnais soudain, à ma grande surprise, dans les difficultés évoquées : fautes d’orthographe répétées, lenteur et manque d’automaticité dans la lecture et l’écriture, fatigue, problèmes de mémorisation, etc.

Le bilan orthophonique réalisé dans la foulée est sans équivoque, malgré le caractère assez « léger » de mes troubles par rapport à d’autres : me voilà diagnostiquée, sur le tard, « dyslexique » pour la lecture, et « dysorthographique » pour l’écriture. C’est un soulagement indescriptible. « Je n’étais pas nulle et idiote ! J’étais dyslexique ! Il y avait bien une raison à toutes ces difficultés dans ma jeunesse ! » pensé-je immédiatement. Devant le neuropsychologue qui m’annonce cela, ma scolarité chaotique se réécrit et prend une autre couleur.

Née dans les années 1980 à une époque pas si lointaine où l’on ne parlait pas encore des « troubles du langage et de la parole », encore moins des « dys », mes difficultés sont apparues dès l’apprentissage de la lecture et de l’écriture à l’école élémentaire. De toute évidence, j’apprenais moins vite que les autres – « rien de grave », disaient les institutrices. Mais les fautes d’orthographe récurrentes, les interversions de lettres dans les mots (les « d » et les « t » notamment) et mes lenteurs permanentes se sont poursuivies au collège, au grand dam de ma mère qui s’exténuait à me faire faire des dictées pour améliorer mon niveau. Je n’arrivais pas à me concentrer. Je me revois passer des heures à rêvasser sur la table du salon, devant mes cahiers, et, elle, me rappeler régulièrement à l’ordre. J’étais le bonnet d’âne de la famille et de la classe.

J’ai avancé ainsi tant bien que mal jusqu’au lycée, surnageant juste au-dessus de 10 de moyenne générale malgré mes efforts. Malgré aussi les cours d’orthophonie que j’avais commencé à suivre sous les conseils de ma professeure de français de 5e. Le terme de « dyslexie » a-t-il alors été utilisé ? Je ne m’en souviens pas.

Ma confiance disparaissait

Après avoir redoublé ma seconde, je me suis dirigée vers une série technologique, malgré l’insistance de mes enseignants pour que je me « spécialise » dans la voie professionnelle. En cause, une fois encore, ces fautes d’écriture dont étaient truffées mes copies, et ma lenteur pour lire et écrire, donc pour apprendre. Pourtant, comme de nombreux dyslexiques, je fournissais beaucoup de travail pour dépasser mes difficultés, ce qui me fatiguait énormément. Un exercice de trente minutes prenait une heure trente chez moi. Je n’arrivais pas à terminer mes évaluations. Je bossais comme une dingue mais j’obtenais des résultats médiocres. Je mémorisais tout tellement mal. Je voyais bien que mon cerveau n’était pas aussi « efficace » que celui de mes camarades… J’avais la boule au ventre pour aller au lycée. Je détestais les dimanches soir. La confiance en moi disparaissait progressivement, comme mon envie de continuer un cursus scolaire décidément pas fait pour les gens comme moi. Après avoir raté mon bac, j’ai décidé de prendre mon sac à dos et de partir en Angleterre pour travailler, et me reconstruire un peu, pendant deux ans, loin des affres de la scolarité.

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