Lise (certains lycéens ont requis l’anonymat) craint la crise d’angoisse. Mercredi 11 mai et jusqu’au 13, cette élève de terminale passera les épreuves de spécialité, qui comptent pour un tiers de la note du baccalauréat. Même si elle va mieux depuis quelques mois, la lycéenne lyonnaise a peur d’une rechute au plus mauvais moment. Après une année de seconde compliquée par des « relations toxiques » avec d’autres élèves, elle fait une crise d’angoisse en plein devoir sur table, en début de classe de première. « J’ai eu un trou noir et des bouffées de chaleur, je me répétais en boucle que je n’allais pas y arriver. Je suis sortie de la salle en tremblant en plein milieu du contrôle, j’avais perdu tous mes moyens », se remémore la jeune fille.
Lise passe une année de première chaotique, fait régulièrement des malaises lors des évaluations, au point d’avoir des difficultés à les passer. Elle s’accroche et continue malgré tout d’aller en cours. Le passage à l’enseignement hybride – un jour de cours au lycée, un jour de cours à distance, du fait de l’épidémie de Covid-19 – et l’absence non remplacée, pendant plusieurs mois, de son enseignant de la spécialité histoire-géographie, géopolitique et sciences politiques ne calment pas ses appréhensions, bien au contraire. « Je pleurais tous les soirs, je n’arrivais pas à m’enlever de la tête que j’allais rater le bac. Heureusement, mes enseignants comme mes parents ont été bienveillants », dit-elle. Depuis décembre 2021, elle remonte la pente grâce à la psychologue qui la suit depuis la seconde, mais elle se sent encore fragile et reste sous anxiolytiques.
Lise fait partie des lycéens en burn-out scolaire. Le terme ne fait pas toujours consensus et le phénomène, caractérisé par un épuisement, une perte de sens et de motivation face à un stress chronique, est difficile à quantifier tant les indicateurs font défaut, mais les personnels de l’éducation nationale sont formels : les lycéens sont plus sujets qu’auparavant à l’anxiété, aux crises de larmes, voire à la dépression ou à la phobie scolaire.
Si de multiples facteurs entrent en ligne de compte dans le mal-être des adolescents, « l’angoisse de la performance », comme l’appellent les psychologues, n’est pas à négliger.
Océan d’incertitudes
« Cette année, trente élèves sur 1 200 bénéficient d’un PAI [projet d’accueil individualisé] avec des décharges de cours, car ils n’arrivent plus à tout gérer. Il y a encore trois ans, ils étaient à peine dix », constate Franck Antraccoli, proviseur à Nantes et secrétaire général du syndicat de chefs d’établissement ID-FO. « Les files d’attente devant nos infirmeries augmentent, et nous n’arrivons pas à répondre à toutes les demandes », s’inquiète Saphia Guereschi, infirmière dans l’éducation nationale et secrétaire générale du Snics-FSU, alors qu’on ne compte que 7 700 infirmières scolaires en France.
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