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« Depuis deux ans, les lycéens vivent une incertitude extrêmement maltraitante »

Pour la spécialiste du burn-out scolaire, Aline Vansoeterstede, la « sélection permanente » organisée par notre système éducatif conduit chez certains lycéens à un stress chronique renforcé par l’instabilité liée à la pandémie.

Propos recueillis par 

Publié le 10 mai 2022 à 06h00, modifié le 10 mai 2022 à 09h07

Temps de Lecture 2 min.

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Psychologue de l’éducation nationale à Rouen, Aline Vansoeterstede est doctorante au laboratoire de psychopathologie et processus de santé de l’université Paris Cité. Elle prépare une thèse sur le burn-out scolaire.

Comment définit-on le burn-out scolaire ?

Il s’agit d’un rapport au travail pour lequel trois dimensions peuvent être prises en compte : l’épuisement lié au stress et à la charge de travail, le cynisme qui s’entend par un rapport détaché à l’école et une perte de sens et de motivation, et enfin le sentiment d’inadéquation ressenti par l’élève qui ne se sent plus à la hauteur du travail demandé. On ne peut pas en revanche dresser un tableau clinique clair ou définir un seuil au-dessus duquel l’adolescent serait en burn-out scolaire. Il s’agit d’un processus qui résulte d’un cumul de stress quotidien. C’est bien ce stress chronique qui va déclencher le détachement face à l’enjeu scolaire, qui est en réalité un mécanisme de protection.

Combien de lycéens sont touchés par ce phénomène ?

Le burn-out scolaire, dont le risque augmente au fur et à mesure de l’avancée dans la scolarité, toucherait entre 7 % et 21 % des élèves selon les pays occidentaux tous niveaux confondus, même s’il est difficile de donner des chiffres précis tant les indicateurs font défaut. Ce phénomène constitue en effet un objet de recherche récent : les premières études datent de 2003 et vont croissantes depuis 2010. Côté français, nos lycéens sont parmi les plus stressés d’Europe, selon l’évaluation Pisa 2015, avec un temps de présence en classe et une charge de travail importante.

Au-delà de vos travaux de recherche, avez-vous constaté sur le terrain, en tant que psychologue de l’éducation nationale, un stress plus important des élèves ces dernières années ?

Les cas explosent partout. J’ai très souvent un élève qui pleure dans mon bureau et tous les psychologues de l’éducation font le même constat : nous sommes face à un mal-être qui s’exprime plus fortement. La mise en œuvre des réformes du bac et de Parcoursup a été un facteur de stress énorme pour les lycéens. Avec la pandémie, le calendrier des épreuves et leur nature n’ont cessé de changer.

Depuis deux ans, les lycéens comme les personnels vivent une incertitude extrêmement maltraitante. Le contrôle continu possède également un effet néfaste. Les élèves sont sous pression non-stop pendant deux ans et certains ont le sentiment de jouer leur vie à chaque évaluation. Les pressions scolaire et de l’orientation sont très liées. Avec les informations à recueillir, le dossier à compléter, les lettres de motivation à écrire, Parcoursup augmente la charge de travail, déjà conséquente, d’un élève de terminale.

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