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Le mariage du geste et de la voix : quand les chorégraphes mènent la danse à l’opéra

Les maîtres de ballet se sont faits metteurs en scène lyriques dès les années 1970. Le mouvement s’amplifie depuis le début du XXIe siècle, donnant au chant une nouvelle écriture corporelle.

Par  et

Publié le 11 mai 2022 à 17h00, modifié le 12 mai 2022 à 11h26

Temps de Lecture 7 min.

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Violeta Urmana (Judith) dans « Le Château de Barbe-Bleue », mis en scène par Pina Bausch, au Festival international d’art lyrique d’Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône), en juillet 1998.

C’était en 1975. Pina Bausch, alors âgée de 35 ans, et directrice, depuis deux ans, du ballet de Wuppertal (Allemagne), s’attaque à Orphée et Eurydice, de Gluck. Elle en opère une traduction spectaculaire, audacieuse. Autour d’un chœur de danseurs réverbérant celui des chanteurs, elle fait interpréter les trois personnages d’Orphée, d’Eurydice et d’Amour par des binômes composés chacun d’un interprète et d’un chanteur. Une idée lumineuse pour un triangle d’or autour duquel elle tisse des relations élastiques, nouant souplement le geste et la voix.

Depuis la création de ce chef-d’œuvre, qui vient d’être repris par la compagnie de l’artiste allemande, le Tanztheater Wuppertal, les chorégraphes contemporains – et en particulier les femmes, pionnières en la matière – sont de plus en plus nombreux à mettre en scène des opéras. Et à se confronter à la délicate équation de l’incarnation dansée de la voix. La liste est longue : Blanca Li, José Montalvo et Dominique Hervieu, Anne Teresa De Keersmaeker, Sidi Larbi Cherkaoui, Saburo Teshigawara, Aurélien Bory, Angelin Preljocaj…

Théâtraliser la danse, chorégraphier le théâtre

Des spectacles emblématiques jalonnent leur histoire. En 1998, Pina Bausch, pressée par Pierre Boulez, accepte de monter Le Château de Barbe-Bleue, de Bartok, au Festival d’Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône). Une version adoucie, à rebours du spectacle déchirant créé sur le même thème en 1977, au programme du Théâtre du Châtelet, à Paris (du 18 juin au 2 juillet). « Ce qui a été difficile pour moi ? Respecter la musique, le chant, confiait la grande dame de Wuppertal, dans Le Monde du 28 juillet 1998. De ne pas faire éclater des rires, des cris. Du bruit. C’est si inhabituel de ne pas réaliser exactement ce que je ressens, mais de devoir trouver une manière d’expression compatible avec le déroulement linéaire d’un opéra, avec ses impératifs d’écoute ! » Egalement à l’affiche, ce même été aixois, l’hypnotique Orfeo, de Monteverdi, imaginé par Trisha Brown. Un miracle d’élégance et de poésie, où l’Américaine parvenait, dans une épure idéalement plastique, à théâtraliser la danse, à chorégraphier le théâtre.

Anne Teresa De Keersmaeker, chorégraphe : « La danse et le chant sont ce qu’il y a de plus intense dans le corps humain. Et quand ils sont réunis, il n’y a rien de plus fort et de plus beau »

Les chorégraphes apportent à l’opéra un imaginaire du corps en mouvement, une fluidité dans la mise en scène, une vision plus ample du chant dans l’espace et un bouleversement des habitudes et des techniques des uns et des autres… « Il y a une attente de renouvellement de la forme, me semble-t-il », avance Aurélien Bory, qui a quatre opéras à son actif.

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