Seine-et-Marne : «On forme plus de toiletteurs pour chiens que de fleuristes»... ce métier n’est plus une niche

Bien qu’artistique et technique, c’est une profession souvent moquée. Aujourd’hui, elle connaît une expansion sans précédent. Face au manque de main d’œuvre, l’institut des métiers et de l’artisanat du Pays de Montereau, à Saint-Germain-Laval, le meilleur de France, ouvre une troisième classe à la rentrée.

Saint-Germain-Laval, le 27 avril. Les élèves de la formation de toiletteur pour chien de l'IMA de Montereau assument leur passion. Ils apprennent à couper les poils des chiens selon leur morphologie, en cherchant une harmonie. LP/F.Lé.
Saint-Germain-Laval, le 27 avril. Les élèves de la formation de toiletteur pour chien de l'IMA de Montereau assument leur passion. Ils apprennent à couper les poils des chiens selon leur morphologie, en cherchant une harmonie. LP/F.Lé.

    « C’est un vrai métier », se sent obligé de préciser le sémillant Philippe Danton, habitué à quelques railleries quand il parle de son métier qui le passionne tant : le toilettage canin. Un métier qui, peu à peu, avec l’engouement grandissant des particuliers pour les animaux à quatre pattes, acquiert ses lettres de noblesse. Tant et si bien que les jeunes qu’il forme à l’Institut des métiers de l’artisanat (IMA) du Pays de Montereau, à Saint-Germain-Laval, sont embauchés dès qu’ils ont obtenu leur diplôme. On ne compte par exemple que 400 salons de toilettage pour 770 000 chiens en Île-de-France.



    « Je reçois sans cesse des courriers de toiletteurs qui me demandent de former plus car ils saturent. Quand j’ai commencé, il y a trente ans, j’avais 75 % de caniches. Désormais, on nous confie des bouledogues, à qui on fait un gommage pour enlever les poils morts qui s’incrustent dans la moquette des voitures. Et ça, ça ne plaît pas trop », s’amuse Philippe Danton, grâce à qui l’IMA peut se prévaloir d’être la meilleure formation de France. Les élèves, parfois en reconversion professionnelle à 60 ans, accourent de tout l’Hexagone.

    Chaque année, un élève remporte le titre de meilleur apprenti de France

    « J’ai pris le meilleur », confirme Bruno Chaniol, le directeur de l’IMA, qui va ouvrir une 3e classe à la rentrée. Lui aussi a vécu les railleries des élus de la région quand il négociait, avec succès, une subvention pour cette formation. « Ils imaginaient que c’était une niche, explique-t-il avec d’humour. Ils se rendent bien compte maintenant que l’on forme plus de toiletteurs que de fleuristes ».

    Saint-Germain-Laval, le 27 avril. L'IMA su Pays de Montereau a si bonne réputation que les élèves accourent de toute la France.
    Saint-Germain-Laval, le 27 avril. L'IMA su Pays de Montereau a si bonne réputation que les élèves accourent de toute la France. LP/F.Lé.

    Les apprentis sont si bien préparés que chaque année, l’un d’eux au moins remporte le titre prestigieux de meilleur apprenti de France. Essentiellement grâce à l’exigence bienveillante de Philippe Danton, qui ne cesse de leur parler d’harmonie de la coupe. « Recule un peu. Tu vois que tout ça, il faut le virer. C’est tellement lourd que ça tombe », houspille-t-il avec tendresse un débutant qui, après sept heures de pratique, a tout de même changé l’allure d’un bichon havanais.

    « Il faut que ce soit parfait »

    « On sait que le but, c’est de tout faire en moins de deux heures, alors oui, il nous met la pression pour qu’on aille vite. Mais on apprend aussi plein de petits détails », apprécient Flavie et Coralie, la vingtaine, qui, comme leurs camarades, ont déjà un projet professionnel ambitieux. L’une veut ouvrir un café, l’autre pense à un centre d’éducation, en plus de leur salon.

    L’approximation ne fait pas, en tout cas, partie de la formation des élèves. « Il faut que ce soit parfait, c’est-à-dire uniforme et adapté à la morphologie, conclut Philippe Danton. Et quand ils (les chiens) bougent, il faut y arriver malgré tout car derrière, il y a un client qui paye entre 60 et 80 euros… »