Catherine n’imaginait pas clore sa scolarité de cette façon. A quelques jours de ses épreuves de spécialité du baccalauréat, l’élève de terminale du lycée français Alexandre-Dumas d’Haïti ne sait même pas si elles auront lieu, mercredi 18 et jeudi 19 mai. « Le gouvernement nous doit une réponse, souffle-t-elle. Ça nous inquiète vraiment, c’est de notre futur dont on parle maintenant. » Pour elle et ses 29 camarades de classe, le flou devient insoutenable.
Tout commence la veille de la rentrée scolaire, en septembre 2021. Sur décision du ministère de l’Europe et des affaires étrangères, l’établissement français de Port-au-Prince est fermé pour raisons sécuritaires, notamment à cause d’affrontements récurrents entre les gangs dans la capitale haïtienne.
Presque neuf mois plus tard, les cours se tiennent toujours exclusivement à distance, et ce jusqu’à nouvel ordre. « On se bat depuis pour un retour au moins partiellement en présentiel », résume Thierry Attié, président du comité de gestion de l’Association des parents d’élèves (APE).
« Il y a des soucis de sécurité sur l’île, reconnaît-il. Mais notre école est la seule d’Haïti fermée depuis septembre. » Une solution est mise sur la table du ministère des affaires étrangères, appuyée par l’ensemble des enseignants, parents et élèves : « Le double hybride. » Comprendre, le choix entre distanciel et présentiel pour les élèves et les professeurs selon les situations personnelles. Mais, malgré des travaux de sécurisation de l’établissement (caméra, clôtures, alarmes…), ses portes restent closes. Sauf pour accueillir des bureaux de vote pour l’élection présidentielle mi-mai.
Le Défenseur des droits saisi
Plus la date des examens s’approche, plus l’inquiétude des parents et des enfants augmente. Après ces longs mois derrière leurs écrans, les élèves ont vu leur apprentissage en pâtir. Connexions instables, manque d’interactivité, absence de contact humain… Le tout dans un climat sécuritaire anxiogène. « L’apprentissage est vraiment difficile, soupire Amanda, camarade de Catherine. Psychologiquement, je ne me sens pas prête pour un examen. Ce serait une vraie inégalité de le passer. »
Appuyée par une lettre des professeurs et un rapport alarmant de la psychologue scolaire, l’APE réitère, une énième fois, sa demande de contrôle continu. Ce 27 avril, l’association saisit le Défenseur des droits pour l’exiger pour les 84 élèves de troisième, première et terminale. « Afin de prévenir toute discrimination, nous demandons qu’on leur applique le même régime que les autres élèves français lorsqu’ils étaient confinés », explique leur conseil, Me Valérie Piau.
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