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Enquête

#MeToo des professions libérales de santé: «Le dévouement ne doit pas se muer en sacrifice»

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Harcèlement sexuel, viols: la parole libérée?dossier
En cabinet comme à domicile, de nombreuses soignantes exerçant en libéral subissent le harcèlement sexuel, voire des agressions par des patients. Mais le tabou est grand dans ces professions où l’empathie et l’obligation de soins sont des règles d’or.
par Lucie Beaugé
publié le 17 mai 2022 à 20h40

Noémie, infirmière libérale, a été agressée sexuellement par un patient alors qu’elle effectuait sa toilette. «Je le connaissais depuis plusieurs mois. Il avait 90 ans mais toute sa tête, seulement des difficultés à se déplacer et à se laver. Un jour, dans la salle de bains, il me propose 50 euros pour une fellation et me montre son sexe. Je décide de faire comme si je n’avais pas entendu. Au moment de le sortir de la baignoire, il se dresse, me plaque contre la porte et met ses mains sur ma poitrine.» La jeune femme, tétanisée, peine à le repousser. Elle finira par le laisser nu dans la salle de bains et prétexter une urgence auprès de l’épouse de celui-ci.

Le cas de Noémie, 36 ans, est loin d’être isolé. Libération a recueilli les témoignages d’une dizaine de femmes, toutes soulagées de se confier et de faire entendre leurs voix. Infirmières, kinésithérapeutes, diététiciennes, orthophonistes… Leur point commun : elles sont soignantes, exercent en libéral et ont été harcelées ou agressées sexuellement par leurs patients. Des textos de drague en pagaille à 3 heures du matin. Des blagues salaces. Des corps complètement nus en cabine pour un massage du dos. Des mains aux fesses. Un pénis en érection contre la cuisse et cette phrase, glaçante : «Tu la sens, là ?»

«Les agresseurs calculent leur impunité»

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