Violences sexuelles : les éditeurs laxistes privés d’aide publique

« Le CNL sera particulièrement vigilant dans l’octroi de ses aides et se réservera la possibilité de réaliser des contrôles aléatoires du respect des engagements pris par les demandeurs », a annoncé dans un communiqué le Centre national du livre.

Les éditeurs qui ne mènent pas une lutte active contre les violences et les harcèlements sexuels et sexistes seront privés d'aide publique. Photo d'illustration. LP/Sébastien Roselé
Les éditeurs qui ne mènent pas une lutte active contre les violences et les harcèlements sexuels et sexistes seront privés d'aide publique. Photo d'illustration. LP/Sébastien Roselé

    Le Centre national du livre hausse le ton. Le CNL a annoncé lundi que les éditeurs qui ne mènent pas une lutte active contre les violences et les harcèlements sexuels et sexistes au sein des entreprises seront privés d’aides publiques. L’établissement public a précisé dans un communiqué que son conseil d’administration avait adopté le 10 mai une « Charte des valeurs » à laquelle devront adhérer obligatoirement les structures sollicitant une aide.

    « À l’écoute des situations de violences et de harcèlements sexuels et sexistes, le CNL sera particulièrement vigilant dans l’octroi de ses aides et se réservera la possibilité de réaliser des contrôles aléatoires du respect des engagements pris par les demandeurs », a-t-il expliqué. Pour le CNL, les détails de ce texte « rappellent principalement des obligations légales ».

    Le secteur de l’édition a été confronté comme d’autres à la dénonciation d’environnements de travail difficiles pour les femmes, par exemple dans le compte Instagram Balance ton éditeur, ou dans une enquête de franceinfo en février 2020.

    Des sanctions aussi pour les cas de discriminations

    En avril 2021, une enquête de Médiapart faisait état, avec de nombreux témoignages à l’appui, de « remarques et des gestes inappropriés, à connotation sexuelle » de la part du cofondateur des éditions Bragelonne, Stéphane Marsan. Il a quitté ses fonctions.

    Le CNL doit appliquer la même sanction aux éditeurs se rendant coupables de discriminations, dans les cas prévus par la loi. Les entreprises seront également tenues de mener une « lutte constante contre toute forme de stéréotypes ».

    « La classification des ouvrages, des auteurs et autrices (en librairie, en bibliothèque, en université) ou les invitations à des rencontres doivent uniquement se baser sur des critères objectifs, dans le respect des dispositions légales, et non sur les stéréotypes », prévoit la charte.

    Le CNL distribue des aides pour favoriser la diversité des éditeurs et des livres édités, non seulement aux éditeurs mais aussi à des auteurs, traducteurs, revues, librairies, bibliothèques ou manifestations littéraires. En 2021, les aides « courantes » ont été de 19,1 millions d’euros, et un « plan de relance » du secteur après la crise sanitaire s’est élevé à 15,8 millions d’euros.